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C’est le 8 janvier qu’a eu lieu la première séance de la trente-troisième année de la Société des Concerts. Elle a été inaugurée par la symphonie en la mineur de Mendelssohn, dont la seconde partie est surtout remarquable par les détails piquans de l’instrumentation plus que par la franchise du motif sur lequel ils reposent. Un chœur religieux de M. Gounod, sur les paroles bibliques : Super flumina, d’un beau caractère, a précédé la symphonie en ut majeur de Beethoven, qui a terminé la séance. Au deuxième concert, on a exécuté la neuvième et dernière symphonie avec chœurs de Beethoven, vaste composition qui certainement dépasse la mesure d’attention qu’on peut accorder à une œuvre musicale. La séance a fini par l’ouverture d’Euryanthe de Weber, car il est inutile de mentionner le chœur du rossignol, tiré de l’oratorio de Salomon de Haendel, badinage puéril d’un grand musicien que la Société des Concerts aurait dû laisser dormir du sommeil du juste. Haendel a sa grandeur, mais ce n’est pas dans les effets d’imitation ; son rossignol ne vaut pas le chant de la caille que Beethoven fait intervenir dans la Symphonie pastorale. Une agréable symphonie en mi bémol de M. Félicien David a ouvert le troisième concert. Cette symphonie, d’un tempérament débile, se relève à la dernière partie par un joli motif qui ferait un charmant air de danse. La scène et la bénédiction des drapeaux du Siège de Corinthe, de Rossini, ont succédé à la symphonie de M. Félicien David. Voilà de la musique dramatique puissante, colorée, énergique, sans rien perdre de la beauté qui doit toujours accompagner l’expression des sentimens et des passions dans un art comme la musique. Des fragmens du ballet de Prométhée, de Beethoven, qui sont tout simplement admirables, et la symphonie en du même maître, ont achevé et complété la séance. Au concert suivant, on a exécuté une symphonie d’Haydn dont le public charmé a fait recommencer la seconde partie. On a ensuite entendu les divers fragmens des Ruines d’Athènes de Beethoven, étrange et merveilleuse composition, dont la marche turque et le chœur final des derviches sont des chefs-d’œuvre d’originalité. Le cinquième concert a été défrayé par les Saisons d’Haydn, ce beau poème en l’honneur de la vie champêtre et des mœurs villageoises, cette composition étonnante par la fraîcheur des idées et le charme du coloris, dont la chanson du laboureur dans la première partie, l’air de Lucas dans la seconde, le chœur des chasseurs surtout et celui des vendangeurs dans la troisième sont les morceaux saillans. L’oratorio des Saisons est pourtant l’œuvre d’un vieillard de soixante-neuf ans ! Au concert suivant, qui a été l’un des plus intéressans de l’année, on a commencé par la symphonie en ré de Mozart, joyau charmant d’un génie exquis. Après un chœur de Paulus, oratorio de Mendelssohn dont nous avons admiré le sentiment profondément religieux, un violoniste allemand de beaucoup de mérite, M. Koempel, qui est attaché à la cour du roi de Hanovre, a joué le huitième concerto à grand orchestre de Spohr. M. Koempel a du style, de la tenue, une grande justesse, et d’excellentes traditions ; on peut lui souhaiter une meilleure qualité de son, un son plus moelleux et plus charnu. Le public a fait à M. Koempel un accueil chaleureux et flatteur. Après un fragment du neuvième quatuor de Beethoven, exécuté d’une manière merveilleuse par tous les instrumens à cordes, la séance s’est terminée par le finale du second acte de la Vestale de Spontini,