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de laisser une enceinte trop étendue à défendre. Il ne fallait pas moins de trois heures pour faire à cheval le tour du camp retranché. La garnison ne comptait guère plus de 20,000 hommes ; le mouchir n’avait donc pu laisser sur ce point qu’une division d’un peu plus de 6,000 hommes, dont voici la composition :


PREMIERE BRIGADE. — Général : Tcherkess-Hussein-Daim-Pacha. 1er bataillon de chasseurs à pied de l’Arabistan 400
« 1er, 2e, 3e, 4e, 5e, 6e bataillons nizam de l’Arabistan 2,270 2,670
DEUXIEME BRIGADE. — Colonel : Yanik-Moustafa-Bey. 1er bataillon de chasseurs à pied de la garde 520
« 1er et 2e bataillons du 1er régiment nizam d’Anatolie 650
« 1er et 2° bataillons du 2e régiment rédif d’Anatolie 1,100 2,270
« Lazes 330
« Cavaliers démontés 250
« Artilleurs 939
Total général 6,459[1]

Les quatre bataillons nizam et rédif d’Anatolie et les Lazes étaient distribués dans le fort Lake et les lignes anglaises ; le bataillon de chasseurs à pied de l’Arabistan, le 1er et le 2e bataillon nizam du même corps occupaient les lignes de Tachmas ; le 3e bataillon, Yarimaï-Tabia ; le 4e bataillon, les lignes de Rennison ; trois compagnies du bataillon de chasseurs à pied de la garde étaient postés sur les rochers et dans la petite redoute de Télek-Tabia ; cinq autres compagnies, le 5e et le 6e bataillon de l’Arabistan, avec les cavaliers démontés et cinq pièces attelées, formaient au centre du plateau la réserve.

La défense du plateau de Tachmas avait été confiée au général hongrois Kméty. Cet officier combattait dans les rangs des Turcs depuis le commencement de la guerre. Une âme de feu animait en lui un corps usé par les fatigues et les souffrances ; une infatigable activité, jointe à une extrême bravoure, faisait de cet officier un chef accompli. Il parlait la langue du pays, et, dans ses rapports journaliers avec les soldats, avait su se concilier leur confiance et leur attachement. L’intrépidité qu’allaient déployer sous ses ordres les Turcs dans ce terrible assaut du 29 septembre 1855 offre un exemple mémorable de l’influence qu’un général peut exercer sur ses troupes.

Le général Mouravief résolut de porter tous ses efforts contre les ouvrages qui défendaient les hauteurs de Chorak. Il garda en conséquence sous sa main le gros de son armée., et en forma trois colonnes d’assaut et une réserve. Deux autres colonnes furent destinées à exécuter des diversions et à tenir ainsi en échec une partie de la garnison. Le tableau suivant, nécessaire à l’intelligence de ce récit,

  1. De plus, les imams, écrivains, musiciens et tambours étaient tous armés et postés.