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(les redoutes anglaises) qui suivait l’arête du plateau de Tchakmak jusqu’au bord des falaises, et se reliait ainsi aux redoutes du Kara-Dagh, situé sur la rive opposée. Ces travaux suffisaient pour mettre la ville à l’abri d’un coup de main pareil à celui qui avait réussi au général Paskiévitch ; mais ils avaient un inconvénient grave : ils étaient commandés à leur tour par le plateau de Chorak. Aussi devint-il indispensable pour les Turcs de comprendre dans leurs lignes le massif tout entier, du jour où les Russes, pénétrant dans les montagnes, eurent pris position sur le revers opposé. La position, du reste, était naturellement forte, et n’exigeait qu’un petit nombre de travaux pour être mise en état de défense. Les pentes qui descendent vers la plaine se trouvent battues par les feux du camp inférieur et du fort Lake. Du côté de la vallée de Chorak, une ligne de rochers à pic forme, sur un espace de huit cents pas, un obstacle à peu près insurmontable. C’est seulement en se rapprochant de la partie inférieure de la vallée que le rocher disparaît pour faire place à un terrain moins accidenté. Sur ce point, deux petits ravins livrent passage aux chemins qui mènent au sommet du plateau. Entre ces deux ravins, sur une éminence qui occupe le centre de la position, les Turcs avaient construit une redoute fermée à la gorge (Youksek-Tabia). Cette redoute était armée de six pièces ; elle était flanquée à gauche d’une petite lunette (Yarimaï-Tabia), armée de deux pièces, et à droite d’un long retranchement (les lignes de Rennison), armé de quatre pièces, qui s’étendait jusqu’aux rochers. Enfin, à l’autre extrémité de ces rochers, une petite batterie (Télek-Tabia), armée de deux pièces, commandait le ravin qui descend vers le village de Tchakmak, et complétait ainsi la défense du côté droit. Du côté gauche, à sept cents pas environ de la redoute centrale de Youksek-Tabia, se trouve une autre éminence que les Turcs avaient fortifiée au moyen d’une grande flèche destinée à amortir le premier effort de l’assaillant. Plus tard, ils avaient fermé à la gorge une partie de cette flèche, et en avaient fait ainsi une redoute de dimension assez grande pour contenir environ 1,500 hommes. À la droite de cette redoute (Tachmas-Tabia), la flèche se prolongeait sur un espace de cent pas ; à la gauche, elle suivait une pente escarpée, et se terminait, à quatre cents pas plus bas, par une petite lunette située sur une croupe du plateau qui domine la vallée à son débouché dans la plaine. La lunette était armée de deux pièces, la flèche de trois pièces placées immédiatement au-dessous de la redoute ; la redoute elle-même était armée de six pièces.

L’ensemble de ces retranchemens formait une ligne à peu près parallèle à celle des redoutes anglaises, et en était séparé par un espace de dix-huit cents pas. L’avantage d’un système de défense parfaitement complot se trouvait cette fois diminué par l’inconvénient