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dire pourtant que l’on ne reviendra pas, dans quelques circonstances, à des calibres beaucoup plus forts que ceux dont nous nous servons à présent. Quant à la longueur des pièces, elle n’était déterminée par aucune considération positive : on croyait bien seulement, sans en être sûr, qu’à l’augmentation de longueur correspondait une augmentation de portée. Enfin les canons de toute espèce étaient employés sans discernement contre les hommes et contre les murailles ; en général, on ne semblait limité dans l’accroissement des calibres que par la dépense et par l’impossibilité des transports.

Gustave-Adolphe, général aussi judicieux que brillant, paraît avoir compris le premier l’importance de la mobilité de l’artillerie et l’avantage que des pièces légères procurent dans une foule de circonstances. Il donna de grands soins à la formation de ses parcs, qu’il augmente jusqu’à six pièces par mille hommes, proportion rarement atteinte depuis. Étendant ses investigations aux moindres détails, il fit déterminer par l’expérience l’épaisseur la plus faible à donner au métal des bouches à feu, en réduisit la longueur à quinze et même à onze fois le diamètre du projectile, et adopta des calibres fixes de 4, 6 et 12[1], en fonte ou en bronze. Il fit même fabriquer

  1. On sait que l’on désigne ainsi les canons dont le boulet de fonte pèse 4, 6 ou 12 livres. Dans plusieurs pays d’Allemagne, où les boulets de pierre ont été longtemps en usage, ils servent de type, et les canons sont dits alors du calibre de 12 livres stein, pour distinguer cette désignation de celles qu’on emploie ailleurs.