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engagemens contractés à la suite de la convention monétaire du 24 janvier 1857[1], voulut que la banque pût reprendre ses paiemens en numéraire, et résolut d’alléger le poids de ses obligations envers elle. Un nouveau décret abandonna à la banque, jusqu’à concurrence de 30 millions, une part du prix de la vente du chemin de fer du Sud, lui remit en outre pour 25 millions des obligations de rachat des redevances féodales, et l’autorisa enfin, pour les 100 millions que l’état lui devait encore, à émettre une égale somme de billets de 1 florin destinés à être retirés de la circulation au fur et à mesure de la vente des domaines. L’état se trouvait toujours débiteur envers la banque de 196 millions de florins ; mais à cette même date l’émission des billets de celle-ci en diverses coupures ne se montait qu’à 338 millions de florins contre un encaisse de 105 millions 1/2, et le 1er janvier 1859, la reprise des paiemens en espèces était opérée. On sait combien dura peu cette reprise si longtemps souhaitée. Dès le 11 avril, l’état se faisait avancer par la banque 133 millions de florins. Le cours forcé du papier-monnaie était de nouveau décrété, les intérêts des métalliques, contrairement aux engagemens solennels, se payaient en bank-notes, et pendant les quatre mois que durait la guerre, l’émission de ces bank-notes s’élevait à 1,200 millions de francs, tandis que l’encaisse métallique tombait de 107 millions de florins à 76.

Au 31 janvier 1860, cet encaisse remonte à 80 millions, soit un peu plus du 1/6 des billets en circulation, dont le total est de 463 millions de florins. Les avances à l’état s’élèvent sur obligations du chemin du Sud à 40 millions, sur les domaines à 98 millions, sur rentes à 133, pour le reste de l’emprunt anglais à 20, pour retrait de l’ancien papier-monnaie à 49 (ensemble 340 millions de florins ou 850 millions de francs). Dans cette situation, on comprend qu’un mois plus tôt, c’est-à-dire dans les premiers jours de décembre, lorsque M. le baron de Bruck eut fait rentrer dans les coffres de la banque une vingtaine de millions de florins appartenant à l’état, les directeurs de la banque aient témoigné un vif désir de s’approprier ce précieux dépôt ; mais le gouvernement avait à satisfaire à un besoin plus impérieux encore, celui du paiement en espèces du grand emprunt national de 1854. Un avis officiel a annoncé par avance que le coupon semestriel du 1er janvier 1860 serait touché en valeurs métalliques, ce qui a eu lieu en effet, et les directeurs

  1. On sait qu’une commission s’était réunie à Vienne pour essayer d’introduire le système décimal et l’unité de monnaies en Allemagne : la Prusse n’ayant pas voulu renoncer à son thaler national valant 3 francs 75 centimes, l’Autriche consentit à changer le florin de 2 francs 60 centimes en florin de 2 francs 50 centimes, ce qui permit d’établir une juste proportion avec les monnaies allemandes, et par suite avec les nôtres.