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Cracovie n’étaient point compris dans la patente ; il montra même une ordonnance secrète à l’appui de son allégation, et le commissaire du gouvernement s’opposa à toute délibération ultérieure.

Tels étaient donc le système arbitraire et le provisoire administratif sous lesquels vivaient depuis tant d’années toutes les provinces de l’empire, lorsque les événemens militaires de 1859 vinrent, comme la crise révolutionnaire de 1848, réveiller l’attention du gouvernement. La convention de Villafranca était à peine signée, qu’un manifeste daté de Laxenbourg, 21 août, promit solennellement aux peuples de l’empire d’importantes améliorations dans le régime intérieur. Quelques hommes d’état furent appelés par l’empereur à délibérer avec ses ministres sur la situation financière, la question religieuse et les réformes administratives. La situation, dit le manifeste, est grave, et l’on est décidé, pour y porter remède, à éviter dans une égale mesure une lenteur timorée et une précipitation dangereuse. Dès le 22 août, la Gazette de Vienne contint en effet la nomination d’un nouveau ministère et la révocation des ministres de la police et de l’intérieur. Le successeur du ministre de la police inaugura son administration en laissant à la presse une liberté à peu près entière, voulant ainsi assurer à l’opinion publique le seul moyen de faire connaître les réformes qu’il y avait lieu de demander. En même temps, et pour provoquer une enquête, sinon plus sérieuse, en quelque sorte plus légale, les états de certaines provinces furent appelés à produire leurs vœux. Ainsi, dans le mois de septembre, l’archiduc gouverneur du Tyrol et du Vorarlberg est invité par billet autographe de l’empereur à faire délibérer le comité sur un projet de statut provincial en réponse aux demandes de réformes qui lui ont été adressées. M. de Hubner a de son côté une entrevue, dans le château du comte Karoly, avec les chefs du parti conservateur en Hongrie. Il annonce que les ministres renonceront volontiers au système de centralisation actuelle, et la réunion demande le l’établissement de l’ancienne constitution municipale de la Hongrie, du cens seigneurial, du droit de représentation et de la libre administration de la caisse intérieure. Il y a plus, le comte Goluchowski, en acceptant le ministère de l’intérieur, avait exprimé le dessein de créer des représentations par provinces et d’étudier un projet d’organisation libérale des communes. Des commissions dites d’hommes de confiance furent en conséquence chargées, dans tous les grands centres provinciaux, d’examiner les lois communales qu’il serait utile de promulguer : les questions posées par le ministre portaient sur la latitude à laisser aux communes dans la gestion des affaires locales, sur la désignation des affaires confiées jusqu’alors à des fonctionnaires de l’état qu’on pourrait remettre à des fonctionnaires communaux, sur l’organisation