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avait la plus forte cavalerie et l’artillerie la plus considérable. François Ier avait plus d’hommes d’armes et de canons que les impériaux, sans leur être inférieur en infanterie. Il avait huit mille Suisses, cinq mille lansquenets, sept mille hommes de pied français, et six mille Italiens[1]. Il plaça dans une position dominante et sur la droite, d’où n’était pas éloignée l’ouverture pratiquée dans la muraille du parc, ses pièces bien attelées, sous le commandement du sénéchal d’Armagnac, Jacques Gailliot, grand-maître de l’artillerie, qui devait prendre ainsi l’ennemi en écharpe et le foudroyer. Non loin de l’artillerie étaient rangés, en masses compactes, les lansquenets des bandes noires, à la tête desquels étaient François de Lorraine et le duc de Suffolk, Richard de la Poole. À la gauche des lansquenets, un peu en arrière, se trouvaient les bataillons serrés des Suisses composant le gros de son infanterie. Les compagnies d’hommes d’armes étaient sur les ailes de ces divers corps et les dépassaient un peu, selon la manière de combattre du temps. Le maréchal de Montmorency, rappelé de l’île du Tessin, conduisait l’arrière-garde, composée de soldats italiens et d’aventuriers français. Une troupe assez forte était laissée derrière l’armée pour surveiller Pavie et contenir sa garnison.

François Ier, qui commandait le corps de bataille, était placé dans le voisinage de l’avant-garde, confiée au plus ancien des maréchaux, à La Palisse, qui avait près de lui le duc d’Alençon. Précédant les bataillons de ses Suisses, entourés des grands-officiers de sa couronne et des gentilshommes de sa maison, il occupait, avec plusieurs compagnies de ses ordonnances, une plaine où cette vaillante cavalerie pouvait se déployer à l’aise et fournir des charges à fond. Après avoir rangé les divers corps de son armée dans le meilleur ordre sur cet emplacement, qu’il aurait choisi lui-même[2], s’il n’y avait pas été appelé par les mouvemens des impériaux, François Ier, l’esprit confiant, le cœur joyeux, la lance au poing, attendit, en capitaine qui croyait avoir bien pris ses dispositions et en chevalier qui brûlait du désir de combattre, le moment de fondre sur l’ennemi.

À la vue des impériaux, l’attaque commença par une vive canonnade. Ceux-ci, en entrant dans le parc, se dirigeaient du côté de Mirabello, où devait aussi se porter, au signal convenu, la garnison de Pavie. Ils s’y rendaient par une marche de flanc impossible à

  1. « Le roy m’a dit qu’il avait VIIj mille Suisses, V mille Almans, cette (sept) mille piétons français, et VI mille Italiens. » Lettre de Lannoy à Marguerite d’Autriche, du 25 février 1525, imprimée dans le Bulletin de la Société de l’histoire de France, 2e partie, t. Ier, p. 45.
  2. Lettera del Mt Paulo Luzascho, scritta al sr marchese di Mantua, Picighetone, 2 marzo 1525 ; d’après le récit de François Ier, dans le 6e volume de l’Histoire d’Allemagne pendant la réformation de Ranke, p. 164,165.