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sorties et des descentes ; mais ni les unes ni les autres ne réussirent. Les assiégés durent regagner leurs murailles, et les marins remonter sur leurs navires, après avoir perdu du monde et laissé des prisonniers entre les mains des ennemis.

Le duc de Bourbon plaça sur une hauteur une batterie qui obligea la flotte française, venue vers la plage d’Arenc pour inquiéter le flanc droit de l’armée impériale, à reprendre le large[1]. Il s’avança ensuite de plus en plus, et au bout de quatre jours il se crut assez près de la ville pour la battre en brèche[2]. Le 23, ses canons tirèrent sur les murailles du côté où se trouvait le couvent de l’Observance ; dans la journée même, ils les entamèrent et y firent une ouverture qui, à la partie supérieure, avait une trentaine de pieds d’étendue, mais n’en offrait pas au-delà de six à la base[3]. Les troupes, pleines d’ardeur et rendues confiantes par les succès qu’elles avaient obtenus sur les assiégés, repoussés dans les tentatives qu’ils avaient faites pour troubler les opérations du siège, demandèrent à monter à l’assaut. On s’y attendait dans la ville. Renzo da Ceri, Brion et les capitaines des Marseillais, à la tête des troupes et des habitans armés, étaient en bataille sur les remparts, dans les tranchées, au débouché des rues, prêts à recevoir vigoureusement les impériaux, s’ils paraissaient ; mais ceux-ci trouvèrent la brèche insuffisante, et n’attaquèrent point. Peut-être, en montant à l’assaut avec une impétuosité hardie, eussent-ils abattu toute résistance et emporté la ville. Le lendemain, il n’était plus temps. Dans la nuit du 23 au 24, le vigilant Renzo da Ceri, sans perdre un moment et à force de bras, avait fermé la brèche à l’intérieur avec des tonneaux remplis de terre, des fascines, des pierres, des poutres, et élevé un arrière-rempart à la place où la vieille muraille avait été ouverte.

Bourbon et Pescara, croyant leurs canons trop petits ou leur poudre trop faible pour faire de loin une brèche à travers laquelle ils pussent pénétrer dans Marseille, résolurent de s’en approcher davantage. Ils avaient d’ailleurs besoin de ménager leurs munitions, qui n’étaient pas abondantes. Ils cessèrent presque de tirer, et par des tranchées obliques ils s’avancèrent vers la ville avec l’intention d’en saper les murailles et de les renverser par la mine[4]. En

  1. Lettre de R. Pace à Wolsey, du 31 août. — Mus. Brit. Vitellius, B. VI, f. 193.
  2. Journal mss. du siège de Marseille par Valbellu. — Histoire mémorable, etc., d’après Thierri de l’Étoile.
  3. « La brèche demeura grande pour lors de cinq cannes (la canne mesurait six pieds) et une canne par le bas. » Histoire mémorable, etc.
  4. Richard Pace à Wolsey, du camp devant Marseille, le 31 août. — Mus. Brit. Vitellius, B. VI, f. 193.