Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 26.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour les solder, de l’infanterie pour les soutenir, de la cavalerie pour les escorter, ils ne virent rien. Federico da Bozzolo n’avait pu sortir de Lodi avec sa garnison et aller à leur rencontre. Jean de Médicis occupait et battait le pays. Les confédérés l’avaient envoyé jusqu’à l’ouverture des vallées des Grisons avec quatre mille fantassins italiens, une troupe d’hommes d’armes et de cavalerie légère, que joignirent les forces vénitiennes, restées sur la rive gauche de l’Adda. Jean de Médicis inquiéta les flancs des Grisons, arrêta leur marche, les contraignit à rebrousser chemin et à rentrer dans leur pays. L’armée impériale, n’ayant dès lors plus à craindre aucune attaque détournée contre Milan, se maintint tout entière à la droite du Tessin. Supérieure en force, encouragée par des succès continus, elle s’avança contre l’armée française, que des échecs multipliés et des maladies contagieuses avaient diminuée et abattue. Elle se plaça à Cameriano, à moins de deux lieues de Novare.

Bonnivet ne pouvait pas demeurer plus longtemps dans cette position. Il n’avait plus d’espérance que dans les huit mille Suisses qui s’étaient mis en route le 12 avril, et qui comptaient trouver au pied méridional des Alpes les quatre cents hommes d’armes destinés à les escorter jusqu’à l’armée française, dont ils devaient renforcer les rangs et sauver les débris. Il quitta Novare, d’où le maréchal de Montmorency, presque moribond, sortit le premier en litière, et il se dirigea vers le haut de la Sesia pour effectuer sa jonction avec les troupes des cantons et les hommes d’armes de France. Il remonta jusqu’à Romagnano, toujours suivi par les impériaux, qui voulaient le jeter hors de l’Italie. Romagnano est sur la gauche de la Sesia, à l’endroit même où cette rivière sort des montagnes et entre dans la plaine du Piémont. Un peu au-delà, sur la rive droite, se trouve Gattinara, où arrivaient les huit mille Suisses, sans avoir été joints à Ivrée par la cavalerie du duc de Longueville, qui, demeuré en arrière, n’avait pas encore atteint les Alpes. Ils avaient continué leur marche, fort mécontens, dans l’intention non de s’unir à l’armée française pour qu’elle reprît l’offensive, mais de protéger sa retraite, de dégager leurs compatriotes et de les ramener dans les cantons. Ils étaient de l’autre côté de la Sesia, grossie par les pluies, qu’ils ne voulaient pas franchir[1]. Ne pouvant décider ce corps auxiliaire à passer la rivière, Bonnivet fut réduit à la traverser lui-même

  1. Tous les détails de cette fin de campagne sont tirés des lettres inédites du duc de Bourbon, de Charles de Lannoy et de Beaurain à l’empereur, des 1er, 20 février, 6, 15, 16, 18, 27, 28 mars, 17, 18, 20, 23 avril, 2, 3, 5, 24, 26 mai, aux Arch. imp. et roy. de Vienne ; — de Martin Du Bellay, vol. XVII, p. 441 à 452 ; — de Guicciardini, lib. X ; — de Galeazzo Capella, lib. III ; — de Hottinger, Histoire de la Confédération suisse, etc., vol. X, liv. VII, chap. V, p. 75 à 82, de la traduction de M. Vulliemin.