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trop indulgens envers quelques-uns des accusés et pas assez prompts à faire le procès à tous les autres. Il vint à Paris pour s’en plaindre. Il se rendit au Palais-de-Justice, et reprocha au parlement de n’avoir condamné Desguières et Brion qu’à une détention de trois années, de n’avoir pas soumis à la question d’Escars, le chambellan du connétable, et Popillon, son chancelier, et de n’avoir pas prononcé contre eux la confiscation. Il ajouta que Brion et Desguières s’attendaient à être pendus lorsqu’ils furent pris, et qu’il ne pouvait pas tolérer de telles voies en des affaires qui concernaient de si près sa personne et son royaume. Il fit, en sa présence, citer à bref délai le connétable de Bourbon. L’avocat-général Lizet demanda que, transfuge du royaume et notoirement criminel de lèse-majesté, messire de Bourbon fût, sous le bon plaisir du roi assisté de ses pairs, princes du sang et membres de son conseil, condamné à être décapité, que ses fiefs fussent réunis à la couronne et ses autres biens confisqués. Les trois délais d’ajournement furent fixés à des termes assez rapprochés.

François Ier fit entendre des paroles hautaines et impérieuses au parlement, qu’il trouvait trop disposé à l’indépendance, et qu’il accusait d’entraver les actes de l’administration royale, et de ne pas pourvoir avec assez de zèle aux plus pressans intérêts de sa couronne et à sa propre sûreté. Le parlement résistait encore à l’exécution du concordat de 1516, qui avait détruit la libre constitution de l’église française ; il avait très mal accueilli l’établissement des nouvelles charges judiciaires que François Ier n’avait instituées que pour les vendre et pour en tirer de l’argent. Aussi le roi le réprimanda-t-il de la lenteur avec laquelle avait été enregistrée la création de quatre maîtres des requêtes, de deux présidens et de dix-huit conseillers, qui devaient lui rapporter, les premiers 60,000 livres, et les seconds 70,000. Il dit que, par suite de ces condamnables retards, et faute de pouvoir recouvrer ces sommes à temps, Milan avait été perdu. « Je n’ai pas cause, ajouta-t-il, de me contenter de pareilles longueurs. Sachez bien que toute l’autorité que vous avez n’est que de par moi, et que la cour de parlement n’est pas un sénat de Rome. » En même temps qu’il restreignait son contrôle politique, il voulut forcer l’action de sa justice. Traitant pour ainsi dire en suspect le parlement de Paris dans le jugement de la conspiration du connétable, il annonça à ses membres qu’il leur en adjoindrait d’autres, tirés des divers parlemens du royaume, afin qu’ils