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REVUE. — CHRONIQUE.

à M. Rochussen la reconstitution du cabinet ; mais, soit qu’il ait échoué dans ses tentatives, soit qu’il n’ait pris conseil que d’une santé affaiblie, M. Rochussen n’a point tardé lui-même à remettre au roi les pouvoirs qui lui avaient été confiés, et la mission de réorganiser le cabinet a été dévolue à M. van Hall, qui s’est acquitté de cette charge en prenant personnellement le portefeuille des finances et en faisant entrer avec lui au pouvoir M. Heemstra comme ministre de l’intérieur, M. Godefroi comme ministre de la justice, M. Mutsaers comme ministre des affaires du culte catholique. M. van Hall s’est chargé de plus provisoirement des affaires étrangères. Avec les membres de la précédente administration qui restaient dans la combinaison nouvelle, le cabinet s’est trouvé ainsi complété. Maintenant que va faire le cabinet reconstitué ? Politiquement, si l’on ne consulte que les antécédens des hommes, il représente toujours sans doute des idées de libéralisme modéré ; mais en dehors de la politique, au point de vue de la grande affaire de la Hollande en ce moment, c’est-à-dire de la question des chemins de fer, il serait difficile de préciser la marche que va suivre le ministère. L’embarras est d’autant plus sérieux que, depuis le rejet du dernier plan ministériel, cinq grandes maisons d’Amsterdam ont fait au gouvernement des propositions pour construire un réseau complet, plus centralisé, moyennant un subside fixe, mais sans garantie d’intérêt. On ne connaîtra les vues de l’administration nouvelle que lorsque les chambres, un instant suspendues, reprendront leurs travaux. Dans tous les cas, il est temps que ce pays si pratique de Hollande cesse de flotter entre tous les systèmes, et mette enfin la main à l’œuvre pour se rattacher au grand réseau des communications européennes.

E. FORCADE.


Hygiène philosophique de l’Ame, par M. le Dr P. Foissac[1].


L’âme a ses maladies comme le corps, et comme le corps également elle a son hygiène. Quel plus vaste champ peut être ouvert aux méditations du moraliste, et quel sujet plus fécond peut exercer sa sagacité ? A vrai dire, cette étude n’est pas nouvelle elle fait depuis des siècles le fonds des enseignemens religieux et des préceptes de la philosophie ; mais ce fonds éternel de la morale se rajeunit sans cesse avec l’homme lui-même, comme son esprit, ses, idées, ses mœurs, comme les points de vue incessamment variés d’où il envisage la vie avec ses obligations et son but. On peut donc être nouveau en abordant ce vieux thème, il suffit d’être de son temps.

Comme l’indique le titre de l’ouvrage de M. Foissac, c’est dans la morale pratique qu’il a puisé ses inspirations et qu’il cherche les règles de son hygiène. Sa méthode consiste à passer successivement en revue les diverses phases de la vie, les passions dominantes qui l’occupent et trop souvent la remplissent, et à trouver pour chaque situation les conditions du vrai bonheur. Dans toute société où les rangs sont marqués d’avance, les grandes

  1. Paris, 1 vol. in-8o, chez Baillière, rue Hautefeuille, 19.