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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




29 février 1860.

Enfin nous avons devant nous (il y avait longtemps que cela ne nous était arrivé) un petit bout de chemin. Ce n’est pas encore la route royale : on n’a jamais espéré la trouver au débouché du fourré d’où nous faisons mine de sortir. C’est un sentier montueux et sinueux ; mais enfin c’est un sentier : c’est quelque chose, c’est même beaucoup. Nous espérons qu’il ne nous mènera pas à un nouveau labyrinthe.

Que l’on se reporte à quelques semaines en arrière : l’on n’avait en face de soi qu’impossibilités et incertitudes, l’on était dans une impasse, il est permis d’emprunter aujourd’hui cet aveu aux documens diplomatiques où l’on a eu la franchise de l’exprimer. Il fallait bien que les incertitudes de la situation de l’Italie eussent un terme, il fallait bien que l’inexorable logique des événemens se fît obéir, mais par quels moyens ? Par les moyens doux ou les moyens violens ? C’était le problème. L’alliance de l’Angleterre nous pouvait être d’un grand secours pour rectifier pacifiquement la politique de Villafranca. Le cabinet britannique actuel porte un intérêt incontestable à l’affranchissement et à la réorganisation libérale de l’Italie : il avait donné au gouvernement français, par le traité de commerce qu’il avait conclu avec lui, un gage certain de ses dispositions amicales ; mais ce cabinet avait-il la majorité dans la chambre des communes ? Vivrait-il ? L’alliance anglaise ne suffisait point pour nous ouvrir une issue pacifique en Italie. Nous avions rajeuni, par les conventions de Villafranca et de Zurich, des droits, des prétentions et des espérances de l’Autriche dans la péninsule qui venaient précisément se heurter à cette inexorable logique des événemens dont nous reconnaissions et préconisions l’empire. Nous avions contracté envers l’Autriche des engagemens éventuels et conditionnels, il est vrai, mais qui nous