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est délibéré de vivre et de mourir avec ceux de la ville de Paris, et s’apprête à les défendre. S’il en étoit empêché et n’y pouvoit venir en personne, il y enverroit femme, enfans, mère et tout ce qu’il a, car il est assuré que quand il auroit perdu le reste du royaume et qu’il auroit la ville de Paris, il recouvreroit aisément ce qu’il auroit perdu. » Il ajouta que le roi, resté encore à Lyon pour repousser les périls qui de divers côtés fondaient sur le royaume, consultait sa cour de parlement, et lui demandait de pourvoir à la conservation de son état. Les présidens et les conseillers du parlement répondirent qu’ils étaient prêts à faire pour le roi ce que leurs prédécesseurs avaient fait en pareil cas pour les rois précédens, que ceux de la compagnie et ceux de la ville de Paris le serviraient et lui obéiraient, qu’il leur déplaisait que messire Charles de Bourbon eût été si mal conseillé de prendre autre parti que celui du roi, et que c’étaient là des matières de grosse importance auxquelles la cour ne saurait pourvoir. Ils ajoutèrent qu’ils accompliraient les volontés du roi comme de vrais et loyaux sujets y étaient tenus.

Le surlendemain, le duc de Vendôme, le seigneur de Brion et les principaux membres du parlement se rendirent à l’Hôtel-de-Ville, où les attendaient le prévôt des marchands et les échevins. Là Vendôme fit des communications semblables à celles qu’avait faites Brion. L’assemblée décida de pourvoir tout de suite à la défense de Paris. Elle prescrivit d’y creuser des tranchées et d’y élever des remparts du côté de la Picardie. Une taille de seize mille livres fut imposée aux habitans pour solder deux mille hommes de pied. On leva les francs archers de la prévôté et de la vicomte de Paris qui n’avaient pas été convoqués depuis bien longtemps. Le prévôt des marchands et les échevins ordonnèrent de tendre les chaînes de fer aux lieux accoutumés, et l’on se mit à l’œuvre pour remparer les faubourgs de Saint-Honoré et de Saint-Denis et les enceindre de grands fossés[1].


IV.

François Ierétait à Lyon plein d’alarmes. Il y était resté avec une partie des troupes qui devaient descendre en Italie. L’attaque combinée des ennemis qui envahissaient la France par plusieurs côtés, l’évasion heureuse du connétable qui s’entourait d’hommes d’armes et levait des gens de pied en Franche-Comté dans l’intention de les joindre aux lansquenets et de marcher ensuite vers Paris de concert avec les Anglais et les Flamands, le décidèrent aux efforts les plus grands, quoique les moins prompts, afin de préserver son royaume.

  1. Journal d’un Bourgeois de Paris, p. 178 à 180.