Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 25.djvu/904

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

core à reconnaître les droits d’Henri VIII an royaume de France et à lui prêter serment comme à son souverain. Ces divers points furent remis à la décision de l’empereur[1].

Après la conclusion du traité, sir John Russell repartit pour l’Angleterre afin d’en presser l’exécution, Château alla dans les Pays-Bas inviter le comte de Buren à joindre les troupes flamandes à l’armée anglaise descendue sur les côtés de la Picardie, et Loquingham se rendit auprès des lansquenets pour les conduire au connétable à travers le Beaujolais et le Forez[2]. Le connétable avait déjà dépêché Lurcy vers l’archiduc Ferdinand, qui occupait le Wurtemberg, pris sur le duc Ulrich, ancien allié de François Ier pour lui faire recommander de venir à son secours, s’il le savait en nécessité[3]. Il annonça en même temps qu’il courait s’enfermer dans une de ses plus fortes places, où il pourrait se défendre plusieurs mois[4] et d’où, assisté par ses confédérés du dehors et ses amis du dedans, il tiendrait tout ce qu’il avait promis.

Averti en effet de l’approche du bâtard de Savoie et du maréchal de La Palisse, il se mit de grand matin en marche pour Chantelle, qu’il croyait et qu’autour de lui on regardait comme aussi difficile à prendre que le château de Milan. C’est là qu’il comptait attendre l’entrée des lansquenets par le Beaujolais, l’attaque des Anglais et des Flamands en Picardie, la venue des Espagnols en Languedoc et leur mouvement combiné vers le centre de la France. Sorti de Gayete dans sa litière, il demanda un cheval pour aller plus vite, passa l’Allier au bac de Varennes, fit six lieues d’une seule traite et ne s’arrêta que lorsqu’il fut entré dans Chantelle, où il arriva à une heure après midi[5]. Le danger avait dissipé son mal ou le lui avait fait surmonter.

Warthy, qui le suivait de près, ne tarda pas à le joindre. Après avoir attendu quelque temps hors de la place, il y fut introduit par l’ordre du connétable, qu’il trouva assis sur son lit, vêtu, comme un malade, d’une robe contre-pointée, et la tête enveloppée d’une

  1. Les articles du traité en français tirés des Miscell. Letters Hen. VIII, troisième série, vol. VIII, n° 20, et sur lesquels Henri VIII a écrit de sa propre main : Tharlides passyd w’ the duke off Burbon, sont publiés p. 174 et 175 du sixième volume des State Papers.
  2. Lettres de Loquingham et de Château à Beaurain, du 9 septembre, dans les Mss. Dupuy, vol. 484, f. 133.
  3. Déposition de l’évêque d’Autun. — Ibid., f. 20.
  4. « Le dict seigneur de Bourbon nous a dict que de celuy pas s’en alloit retirer en une sienne maison forte, laquelle il avoit faict fournir de vivres, artillerye et autres choses nécessaires suffisamment pour se garder deux ou trois mois. » Lettre de Château et de Loquingham à Beaurain, du 9 septembre. — Ibid., f. 134.
  5. Dépositions de Saint-Bonnet, ibid., f. 48; — de l’évêque d’Autun, f. 87 v°; — de Desguières, f. 58 r°; — de Warthy, f. 33 v°.