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UNE
RÉFORME ADMINISTRATIVE
EN AFRIQUE
1858 — 1859.

DES CONDITIONS DE NOTRE ÉTABLISSEMENT COLONIAL.



Peu de spectacles m’ont intéressé dans ma vie autant que celui que présentait au début de l’automne de 1858 la capitale de nos possessions africaines, et auquel m’a fait assister le hasard d’un séjour très involontaire. Je ne voudrais pas jurer que la surprise ne fût pas pour quelque chose dans mon plaisir, car en quittant la France, fort malgré moi et pour des raisons assez pénibles, j’avais fait mon sacrifice tout entier et ne m’attendais guère à en être récompensé. Alger, l’avouerai-je à ma honte ? ne m’inspirait que fort peu de curiosité. L’Afrique française ne rappelait à ma pensée que des combats très sanglans dont le souvenir était déjà fort effacé, des salles de l’exposition universelle assez peu remarquables pour un ignorant, par-dessus tout des lectures ingrates, des articles de journaux très ennuyeux, des questions ardues d’économie politique, de douane et d’agriculture auxquelles beaucoup d’efforts n’avaient jamais réussi à me rien faire comprendre. Je partais de plus sous une impression de langueur qui était à ce moment fort générale, car, je ne sais si on s’en souvient, la France, si vivement distraite depuis lors, était,