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d’église, ses confidens et ses conseillers, Antoine de Chabannes-, évêque du Puy, frère du maréchal de La Palisse, et Jacques Hurault, évêque d’Autun. Tansanne, seigneur de Chezelles, Philippe des Escures, seigneur de Quinsay-le-Chastel, ses chambellans; Jean de Bavant, Anne du Peloux, Jacques de Beaumont, seigneur de Saligny, ses maîtres d’hôtel; le lieutenant de sa compagnie d’hommes d’armes, Antoine d’Espinat, et d’Espinat le jeune, seigneur de Coulombiers; Robert de Grossone, seigneur de Montcoubelin, Hector d’Angeray, seigneur de Bruzon, Hugues Nagu, seigneur de Varennes; les seigneurs de La Souche, de Pompérant, de Lallière, de Lurcy, de Charency, et une foule de jeunes gentilshommes du Bourbonnais, de l’Auvergne, du Forez, du Beaujolais[1], attachés à sa personne, dévoués à ses projets, lui formaient une cour, et ils étaient prêts à prendre les armes pour lui.

Il avait fait venir des bords du Rhône à Montbrison le personnage qui, avec René de Bretagne, comte de Penthièvre, vicomte de Bridier et seigneur de Boussac, était le plus considérable de ses partisans : Jean de Poitiers, seigneur de Saint-Vallier et comte de Valentinois[2]. Saint-Vallier descendait d’une des plus anciennes familles de France ; il avait occupé de grands emplois et rendu à la couronne d’éclatans services. Gouverneur du Dauphiné sous Louis XII, il avait levé et conduit à ses frais en Italie, sous François Ier, sept ou huit mille hommes de pied, s’était vaillamment comporté à la prise de Milan et à la bataille de la Biccoca, avait dépensé plus de 100,000 écus dont il n’avait pas été remboursé[3], se plaignait d’être négligé par le roi, bien qu’il fût chevalier de son ordre et capitaine des cent gentilshommes de sa maison, et d’avoir été trompé par la duchesse d’Angoulême, qui, malgré sa promesse, ne lui restituait pas le comté de Valentinois. Il avait pour gendre Louis de Brézé, comte de Maulevrier, grand-sénéchal de Normandie, auquel il avait marié sa fille, la célèbre Diane de Poitiers, alors dans tout l’éclat de la jeunesse et de la beauté. Puissant par sa position et par sa parenté, Saint-Vallier était redoutable par son caractère, aussi hardi que véhément. Le connétable n’avait pas eu de peine à le faire entrer dans ses desseins. Après s’être déchaîné contre François Ier qui attentait à ses droits, et surtout contre la duchesse d’Angoulême, qui voulait dépouiller la maison de Bourbon, où elle

  1. Mss. Dupuy, n° 484 passim.
  2. Marquis de Cotron, vicomte d’Estoille, baron de Clerieu, de Serignan, de Chalançon et de Florac, seigneur de Privas, de Corbempré, etc.— Histoire généalogique des Comtes de Valentinois et de Diois, seigneurs de Saint-Vallier, etc., de la maison de Poitiers, par André Du Chesne. Paris, in-4o, 1638, p. 105.
  3. Interrogatoire de Saint-Vallier du 12 octobre 1523. — Mss. Dupuy, n" 484, f. 172 r° et 173 v°.