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et les coupes d’amélioration, voici en peu de mots en quoi ils consistent.

Les conditions nécessaires à toute régénération sont, nous l’avons vu, l’ensemencement du terrain, l’abri donné pendant les premières années aux jeunes plants nouvellement germés, enfin la participation progressive de ces jeunes plants aux influences atmosphériques. Ces conditions se réalisent par trois opérations successives. La première, appelée coupe d’ensemencement ou coupe sombre, a pour but d’assurer l’ensemencement naturel et complet du terrain ; elle consiste à enlever dans le massif un certain nombre d’arbres, un tiers environ : les autres, laissés sur pied, sont destinés à produire de la graine en quantité suffisante. Une fois l’ensemencement produit, il faut habituer le jeune recru à l’action de la lumière ; on y arrive par l’enlèvement d’une partie des arbres qu’on avait d’abord conservés : c’est la coupe claire. Enfin, quand le jeune peuplement est assez fort pour n’avoir plus rien à redouter ni des gelées printanières ni de l’action directe des rayons solaires, on procède à la coupe définitive, c’est-à-dire à l’extraction des derniers arbres qui restaient encore, et l’on se trouve en face d’une nouvelle forêt, dont il faudra diriger la croissance. Toutes ces opérations demandent beaucoup de tact et de prudence, car le nombre et la disposition des arbres réservés, l’époque de l’enlèvement successif, dépendent du tempérament plus ou moins robuste des jeunes plants, du couvert plus ou moins épais des réserves, de la nature et de l’exposition du terrain. C’est la saine appréciation de ces différentes circonstances qui constitue l’habileté du sylviculteur.

Pour que la jeune forêt obtenue donne un jour aussi son contingent de produits, il faut, dès les premières années, s’occuper d’en améliorer la qualité et d’en augmenter la quantité au moyen des coupes d’amélioration. Si elle était abandonnée à elle-même, les épines, les ronces, les morts-bois, les bois tendres, dont la croissance est si rapide, ne tarderaient pas à prendre le dessus, à étouffer les essences plus précieuses : il faut donc commencer par extraire au plus tôt ces végétaux nuisibles, vraies plantes parasites des forêts, et répéter cette opération, qu’on appelle coupe de nettoiement, jusqu’à ce que les bonnes essences n’aient plus rien à redouter. Une fois ce résultat obtenu, c’est-à-dire vers la vingtième année environ, il reste à aider la jeune forêt dans sa croissance en activant sa végétation. On enlève à cet effet les bois dominés et rachitiques qui, destinés à périr un jour, consommeraient en pure perte, si on les conservait, les substances nutritives du sol, et empêcheraient le développement des brins plus vigoureux. Ces enlèvemens successifs, qui se répètent en général tous les vingt ans, et qu’on