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répondre à cette question, et c’est en étudiant la composition même de la plante qu’elle a recueilli les données les plus précises. Après avoir servi à guider le cultivateur et le commerçant, elle a voulu encore fournir d’utiles lumières au consommateur.


III

Le rôle hygiénique du thé a provoqué de nombreuses études qui ont eu pour objet d’abord la composition de la plante, puis l’influence que la boisson chinoise, soumise à une préparation convenable[1], peut exercer suivant les climats, le système alimentaire, et même les conditions sociales. Il y a là un ensemble de faits dont la science s’est préoccupée avec d’autant plus de raison depuis quelque temps qu’on entrevoyait l’époque où des rapports plus étroits s’établiraient forcément entre la Chine et l’Occident.

À certains égards, le thé présente de remarquables analogies avec le café[2]. Comme celui-ci, il contient : 1° une essence en partie

  1. La préparation de l’infusion du thé est chose si connue que nous serions tenté de n’en rien dire, s’il n’y avait à recommander d’utiles précautions dont on ignore assez généralement l’importance. Nous ne parlons pas seulement des conditions nécessaires pour conserver au breuvage toute la finesse de son arôme, c’est-à-dire le choix de l’eau, le moment où il convient de la verser dès les premiers signes de l’ébullition, la dose que comporte une seule infusion, etc. Il y a d’autres soins à prendre, quand on soupçonne le produit imprégné de quelque mélange insalubre, comme l’est quelquefois le thé vert. Au lieu de se contenter d’échauder la théière, il est bon de verser et de décanter rapidement une première eau. On parvient ainsi, sans altérer l’arôme, à entraîner la teinture et les substances nuisibles frauduleusement ajoutées.
  2. Plusieurs savans dont les noms ont acquis une juste célébrité se sont occupés, en Angleterre, en Allemagne, en Suède et en France, de déterminer la composition et la structure des feuilles du thé. On peut citer notamment sir Humphry Davy, Berzelius, Frank, Brande, Mulder, Steinhouse, Péligot, etc. Voici les résultats de l’analyse la plus complète, effectuée par Mulder comparativement sur le thé vert et le thé noir :
    Thé vert Thé noir
    Huile essentielle 0,79 0,60
    Chlorophylle 2,22 1,24
    Cire 0,28 »
    Résine 2,22 3,64
    Gomme 8,56 7,28
    Tanin 17,80 12,88
    Caféine 0,43 0,44
    Matière extractive 22,80 19,88
    Matière foncée » 1,48
    Matière colorante 23,60 19,12
    Albumine 3 2,80
    Fibre cellulose 17,08 28,32
    Substances minérales 5,56 5,24
    100 100


    Depuis la publication de ces résultats dans le Traité de Chimie organique de M. Liebig,