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on donne un certain commencement d’instruction primaire. On a installé en outre des écoles régimentaires dans la plupart des corps de l’armée et des écoles du soir pour les adultes de la classe civile ; celles-ci sont déjà au nombre de 23, et fréquentées par 991 ouvriers.

En même temps qu’on multipliait les écoles, on faisait des efforts sérieux pour rehausser le niveau de l’instruction. On a fondé deux écoles normales pour les instituteurs et institutrices qui se vouent à l’enseignement du peuple. La première réunit 104 jeunes gens, dont 21, déjà pourvus de leur diplôme, vont exercer leur honorable profession dans les diverses parties de la république. L’école normale des femmes, dont l’installation est insuffisante, n’a pas encore donné ses fruits. Un service d’inspection a été organisé : les visiteurs qui parcourent actuellement les provinces veillent à l’emploi des meilleures méthodes, à la bonne tenue des classes, et transmettent leurs rapports au ministre. On tâche aussi d’élargir le programme des études. Dans la plupart des chefs-lieux de département, l’instruction primaire comprend le dessin linéaire, la géographie et des notions sur l’histoire du Chili. Partout on familiarise les enfans avec le système métrique décimal français, qui a été récemment adopté, et qui sera bientôt la seule règle admise dans les transactions. Dans les écoles où le nombre des élèves dépasse 50, on adjoint au maître un répétiteur payé par l’état. À partir de l’année dernière, le ministre de l’instruction publique fait composer et imprimer à ses frais de petits livres élémentaires destinés à former dans les centres ruraux des bibliothèques populaires, qui sont au nombre de 37 déjà. On envoie aussi de Santiago des livres de classe pour être vendus à bas prix aux enfans qui ont des ressources de famille, et donnés aux enfans pauvres.

L’enseignement secondaire est en bonne voie. Indépendamment d’un grand collège annexé, sous le titre de section préparatoire, à l’Institut national de Santiago, établissement où la bifurcation des études paraît être pratiquée comme chez nous, et qui compte près de 700 élèves, dont les deux tiers sont externes, il y a dans les provinces 14 lycées ou écoles supérieures subventionnées par l’état, et 50 pensions particulières pour les deux sexes. En résumé, 3,877 jeunes garçons, y compris 260 séminaristes, et 1,843 jeunes filles reçoivent l’éducation destinée aux familles aisées, et c’est une proportion dépassant de beaucoup les faits existans dans la plupart des pays européens.

On se préoccupe aussi de l’éducation professionnelle. Il y a à Santiago une école pratique des arts et métiers, dotée pour recevoir cent élèves et dirigée par d’habiles ingénieurs venus d’Europe. Dans