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qui, comme disait le Times, doit former le congrès, il est impossible que l’on croie pouvoir se défaire avec un simple froncement de sourcil d’un exposé qui porte en soi une telle autorité de justice et de raison. La note de M. Pepoli arrêtera sans doute sérieusement le congrès.

Si l’on s’en tient à ce qui s’est passé dans la diète, les affaires de la confédération germanique n’ont pas fait depuis quinze jours de progrès visible. Les propositions de réforme partielle du pacte fédéral qui avaient été présentées à la diète par divers états secondaires ont été renvoyées à des commissions spéciales, qui n’apporteront vraisemblablement pas dans leurs travaux une précipitation insolite. L’affaire de la Hesse-Électorale se tend de jour en jour, si l’on en juge par les votes de la chambre hessoise, par les communications du gouvernement électoral à la diète et par le départ de Berlin et de Cassel des agens respectifs de la Hesse et de la Prusse ; mais dans la phase actuelle, le gros événement est la réunion à Wurtzbourg des représentans des états secondaires. Sous l’inspiration du spirituel et actif ministre de Saxe, M. de Beust, et du représentant plus rêveur et plus diffus de Bavière à la diète, M. de Pfordten, les états secondaires essaient encore une fois de constituer un groupe intermédiaire entre les deux grandes puissances allemandes. L’agrégation des états secondaires, si elle parvenait à s’organiser, serait un organe assez respectable de l’Allemagne, car elle représente plus de 18 millions d’Allemands, c’est-à-dire une vraie population germanique, plus nombreuse que la population prussienne et surtout bien plus considérable que les sujets allemands de l’Autriche ; mais les efforts de M. de Beust seront-ils plus heureux aujourd’hui qu’ils ne l’ont été dans le passé ? Sans vouloir décourager sa persévérance, nous nous permettrons d’en douter. Ordinairement les petits états commencent leur levée de boucliers contre l’une des deux grandes puissances et avec le concours de l’autre. Pendant la guerre d’Orient, c’est contre l’Autriche que M. de Beust menait les petits états, et la Prusse venait à la rescousse. Aujourd’hui l’on en veut à la Prusse, et l’on s’inspire ou l’on s’appuie de l’Autriche. Ordinairement aussi il arrive qu’après que les petits états se sont bien démenés, les deux grandes puissances s’entendent par-dessus leur tête, et arrangent à leur guise les affaires fédérales. Les questions purement fédérales occupent sans doute le petit congrès de Wurtzbourg ; mais nous ne serions pas surpris que l’éventualité du grand congrès européen ne tînt une plus grande place encore dans les desseins des meneurs des petits états allemands. Leur ambition constante a été de participer directement eux-mêmes, par un représentant spécial de la confédération, aux délibérations des grandes puissances européennes. L’Autriche et la Prusse, disent-ils, ont des intérêts propres trop distincts pour représenter l’Allemagne dans les conseils de l’Europe, et la confédération germanique est un corps politique trop considérable pour qu’il soit possible de lui refuser sa place dans les conseils européens. Ce n’est pas nous qui donnerons tort à cette argumentation des états secondaires de l’Allemagne ; mais nous craignons fort qu’ils ne réussissent guère à forcer l’entrée du congrès de 1860, et qu’ils ne soient en train de faire, suivant leur habitude, beaucoup de bruit pour rien.

L’Espagne est définitivement engagée dans sa guerre d’Afrique. Tandis