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modeste observateur, ce sera retracer les débuts de la science astronomique aux États-Unis et assister à ses premiers triomphes. Du jour où s’est élevé l’observatoire de Cambridge, près de Boston, dans cette université de Harvard qui est le centre intellectuel de la Nouvelle-Angleterre, le mouvement scientifique a pris aux États-Unis une allure nouvelle et plus indépendante. Ces établissemens astronomiques sont aujourd’hui indispensables à toute nation qui se dit civilisée ou aspire à ce titre ; la Russie, toujours jalouse d’imiter en tout point les nations occidentales, a élevé à Poulkova un véritable monument, dont la splendeur et la perfection dépassent tout ce que l’on connaissait en ce genre. Les États-Unis ne pouvaient rester longtemps en arrière, et la munificence des individus devait y tenir lieu de la munificence royale, qui en Europe a de tout temps doté les observatoires. Où la géodésie, cette sœur cadette de l’astronomie, pourrait-elle trouver un théâtre plus vaste que le nouveau continent, qui se découpe en états chaque année plus nombreux ? De quelle importance les observations nautiques ne sont-elles pas pour une nation dont le commerce s’agrandit sans cesse, et qui porte le pavillon étoile dans toutes les mers ! Mais ces besoins ne furent pas toujours sentis aussi vivement qu’aujourd’hui, et pendant longtemps d’ailleurs les colonies anglaises de l’Amérique, même après qu’elles eurent conquis leur indépendance, continuèrent à rester sur ce point dépendantes de l’ancienne métropole. Dans le siècle dernier, nous n’avons à enregistrer que bien peu d’observations astronomiques faites sur le nouveau continent. En 1761, M. Winthrop, professeur à l’université de Cambridge, allait à Terre-Neuve pour observer le transit de Vénus sur le soleil. En 1780, le professeur Williams, appartenant à la même université, observait une éclipse de soleil à Penobscot. Pendant longtemps, la guerre et les agitations qui l’accompagnent interrompirent le cours des études scientifiques : il est des momens où un peuple doit tout oublier pour ne songer qu’à son indépendance, où il devient nécessaire qu’il sacrifie le présent à l’avenir, qu’il sache renoncer aux arts, aux lettres, à la science, aux satisfactions les plus élevées de l’esprit, pour ne point perdre des droits auxquels toute vie intellectuelle et morale ne saurait longtemps survivre.

Le calme revenu, les esprits purent se tourner vers de nouveaux objets : à cette période appartient le nom du docteur Bowditch, qui traduisit et commenta les ouvrages de notre célèbre Laplace, et contribua ainsi à répandre aux États-Unis le goût de l’astronomie ; mais les premières découvertes astronomiques faites sur le continent américain furent dues à William Bond. Né en 1789 dans l’état du Maine, à Portland, il fut élevé dans les écoles publiques de Boston ;