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de la couche avaient été pétris et malaxés. Dans les hautes falaises du pays de Caux, ils sont articulés dans leur gangue en assises régulières, et s’interposent entre des lits marneux d’une parfaite régularité. D’autres fois, comme si le calcaire avait dû se montrer dans ce vaste ensemble sous toutes les formes qui lui sont propres, depuis les marnes jusqu’aux marbres, la silice n’a fait qu’en consolider la structure, et cette union intime a produit de vastes bancs de pierre de taille. La formation tout entière s’est émergée par un soulèvement horizontal, ou peu s’en faut, et très probablement simultané. À considérer le bord de la mer, on remarque dans le plan inférieur de la couche calcaire une légère inclinaison du sud-ouest au nord-est. Ce plan est un peu au-dessous du niveau de la mer dans le nord des falaises du pays de Caux. Sous le cap de La Hève, près du Havre, la basse mer met la base argileuse à découvert, et l’escarpement calcaire, se dressant dans toute sa hauteur, montre ses assises aussi nettes que dans une coupe géométrique. En passant sur la rive gauche de la Seine, on voit presque partout l’argile au-dessus du niveau de la haute mer, et si l’on marche jusqu’à l’extrémité des falaises de Beuzeval, l’argile brune s’élève à 105 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le soulèvement a pris ici les allures du bord d’une cuvette ; le calcaire a disparu comme si l’argile, en se relevant, l’avait fait glisser sur sa pente et jeté en proie aux attaques des flots.

En pénétrant dans l’intérieur des terres, l’œil est frappé de la régularité du plateau qui, du bord de la mer, s’élève par une rampe insensible aux sources des cours d’eau qui le traversent : aucune saillie n’en dérange l’uniformité, et les rares ondulations qui se montrent à la surface sont évidemment l’œuvre des eaux qui l’ont entamée dans le tumulte de leur retraite. Les parties montueuses, qui sont ailleurs l’effet des soulèvemens du terrain, sont ici formées par un creusement. Chaque ruisseau, chaque rivière s’est ouvert dans le plateau un sillon étroit, et a mis à nu la stratification de terrain qu’on observe dans les escarpes des falaises. Quand la vallée atteint une certaine profondeur, elle montre dans la coupe du plateau l’argile à la base, le calcaire au-dessus, et la couche arable à l’étage supérieur. Ainsi, sur la côte et dans l’intérieur, la nature et la disposition du terrain sont presque partout identiques ; il suit de là que, fluviatile ou maritime, l’origine des atterrissemens qui s’arrêtent dans l’embouchure de la Seine ne change rien aux élémens dont ils se composent, et que si la prédominance de l’un ou l’autre de ces élémens doit varier, cela importe assez peu. Quant au lit d’argile sur lequel repose la couche calcaire, la seule notion exacte qu’on possède sur l’épaisseur de ce lit vient du creusement du puits