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LA
FRANCE ET L'ANGLETERRE
A MADAGASCAR

LA REINE RAVANALO ET LA SOCIETE MALGACHE.


I. Three Visits to Madagascar during the years 1853, 1854, 1856, etc., by William Ellis, London 1858. — II. Madagascar possession française depuis 1642, par M. Barbier du Bocage, 1858. — III. Rapport sur la colonisation de Madagascar, par M. Bonnavoy de Prémot, 1856.



La grande île de la mer des Indes, dépendance naturelle du continent africain, se montre, comme lui, opiniâtrement rebelle à l’invasion étrangère. Aux persévérans efforts de l’Europe, elle oppose la longue ligne de ses sombres forêts, les deltas marécageux de ses fleuves, l’inimitié ou la circonspection de ses habitans. L’Angleterre, partout ailleurs si heureuse, y a vu presque entièrement échouer jusqu’ici les plus habiles tentatives de sa politique. La France y a planté son drapeau au temps où, avec Richelieu et Colbert, elle était colonisatrice ; aujourd’hui même, elle y conserve des droits que, tous les cinquante ans, elle renouvelle : c’est ainsi qu’en 1840 notre artillerie a tonné sur ses rivages pour saluer dans une nouvelle prise de possession le nom et les couleurs de la France. Vaine formalité ! Madagascar s’appartient à elle-même. Les Antilles, les îles de l’Océanie, Java, Bornéo, les archipels situés sous l’équateur ont vu leurs rivages occupés, leurs chaînes intérieures pénétrées par la Hollande, l’Espagne, la France, l’Angleterre, tandis que Madagascar,