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— il compte 48 hôpitaux destinés chacun à une seule espèce de maladie. Indépendamment de deux asiles d’aliénés contenant 2,000 lits, les 46 autres maisons spéciales peuvent recevoir 2,065 malades à la fois, et en 1852 elles en ont traité 15,011 à l’intérieur et 78,952 à domicile. Il y a encore 34 dispensaires, dont les médecins, sans compter ceux de 5 institutions homœopathiques, ont traité dans la même année 164,621 indigens ; — enfin 126 maisons de charité renferment 2,390 vieillards. Le nombre des malades assistés à cette époque était de 518,369, sans compter les 67,000 habitans des workhouses, et par conséquent le chiffre total des indigens et nécessiteux s’élevait à 585,369.

S’il existe une différence dans la salubrité des deux capitales, elle est en faveur de Londres malgré les émanations pestilentielles de la Tamise, et la population de cette ville n’étant guère que deux fois et demie aussi nombreuse que celle de Paris, la même proportion devrait se retrouver dans le nombre des malades indigens, s’il y avait parité dans l’état du paupérisme des deux pays ou du moins des deux métropoles. D’après les chiffres que nous venons de relever, le paupérisme de Paris serait à celui de Londres comme 1 est à 4,34 ; mais la différence est plus forte encore, attendu qu’à Paris le chiffre des indigens inscrits aux bureaux de bienfaisance n’étant que de 80,501, il en résulte que 58,805 personnes reçoivent l’assistance médicale sans être obligées de recourir habituellement à la charité publique ou privée, tandis qu’à Londres au contraire il s’en faut que tous les malades pauvres puissent être traités à domicile ou à l’hôpital, et en voici la raison : l’assistance de la pauvreté, laissée chez nous à la charge de la bienfaisance volontaire, est chez nos voisins l’objet d’un impôt obligatoire et d’un des rares services centralisés. Au rebours, l’assistance médicale, assurée en France par des legs de terres et de capitaux, et confiée à l’administration publique, ne se fonde en Angleterre, excepté dans cinq ou six établissemens, que sur des souscriptions volontaires annuelles, dont l’emploi échappe à peu près à tout contrôle sérieux. Il en résulte que ces nombreux hôpitaux, entretenus tous à grands frais au moyen de ressources incertaines et précaires, languissent dans les temps ordinaires, et dans les jours de crise financière ferment leur porte à la moitié de ceux qui s’y présentent. M. Léon Faucher a constaté par exemple qu’en huit ans 2,700 cas de maladies vénériennes, résultats de la prostitution, avaient ouvert les portes de trois hôpitaux de Londres à des jeunes filles âgées de onze à quatorze ans, et qu’aux mêmes asiles un plus grand nombre avaient été refusées faute de place. Autre difficulté : on n’est admis dans ces maisons que par l’intermédiaire d’un des souscripteurs. Combien d’étrangers, combien même de malheureux