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de l’Angleterre, sous le rapport du paupérisme, pourrait être considérée comme une des meilleures de l’Europe. Malheureusement il reste à tenir compte des pauvres secourus par la charité privée, et dont le nombre est incalculable.

Avant de nous occuper de cette dernière catégorie, il faut examiner le régime intérieur des workhouses et l’influence actuelle du mode d’assistance accordé par chacun de ces établissemens à un nombre d’individus qui varie, suivant les saisons, de 400 à 1,000 dans les comtés et de 500 à 2,000 dans la capitale. À première vue, rien que de très convenable. De vastes bâtimens, ordinairement entourés de jardins, la séparation des âges et des sexes, de grands dortoirs surveillés pendant la nuit, des ateliers de professions diverses, des salles d’étude et des cours de récréation, le chauffage, L’aération, la propreté de tous les appartemens, enfin la qualité des vêtemens et de la nourriture, tout semble assurer aux habitans de ces demeures un bien-être dont la plupart n’ont jamais joui avant d’y entrer. L’entretien de chacun d’eux ne revient pourtant qu’à 4 shillings par semaine, non compris les émolumens des employés, les réparations et le prix des médicamens. Le personnel préposé au service se compose en général de huit individus, le directeur, la matrone sa femme, le maître et la maîtresse d’école, les maîtres cordonnier et tailleur, le jardinier et le portier. En outre, un clergyman et un médecin sont attachés à la maison sans y avoir leur domicile. Voilà ce qu’un touriste peut noter sur son carnet, après avoir inscrit sur le registre qu’on lui présente ordinairement le témoignage de sa satisfaction.

Cependant la bonne impression qui résulte d’une première visite ne laisse pas d’être modifiée par un examen plus minutieux, et c’est aux publicistes anglais eux-mêmes que nous emprunterons nos objections. D’abord il est constaté que les pauvres trouvent le régime des workhouses beaucoup moins comfortable que celui des prisons. À cet égard hommes et femmes avouent hautement leur préférence, sans tenir compte de la dégradation attachée à l’emprisonnement[1].

  1. On peut juger de la différence qui existe sous ce rapport entre les deux espèces d’établissemens par l’inégalité des traitemens de leurs employés.
    Prison pour 900 détenus liv. st. Workhouse pour 5 ou 600 pauvres liv. st.
    Gouverneur 600 Directeur 80
    Matrone 125 Matrone 50
    Chapelain (avec logement) 250 Chapelain ( sans logement ) 100
    Chapelain assistant (sans logement) 180 Médecin 78
    Médecin 220 Chef d’atelier 25
    Portier 70 Portier 25
    45 employés payés. Pas d’autres employés.