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Tel est l’arbre qu’on cultive uniquement sous le nom de cacaoyer, sans qu’on ait pu encore décider si le choix d’autres espèces ou variétés ne pourrait exercer une utile influence sur la qualité des produits. C’est encore là une question que la science peut aider à résoudre ; mais avant tout il faut examiner les procédés de culture appliqués particulièrement au theobroma cacao.

On ne peut établir des plantations productives de cacaoyers que sous certains climats exactement définis par Humboldt et Bonpland dans leur Physique générale et géographique des plantes. M. Boussingault rappelle, comme eux, que cet arbre exige une terre riche, humide et profonde, de la chaleur et de l’ombrage ; aussi toutes les plantations importantes qu’il a parcourues offrent-elles une physionomie commune : toujours on les trouve dans les régions les plus chaudes, soit à peu de distance de la mer, soit auprès des torrens, soit enfin longeant les bords des grands fleuves. La culture du cacao cesse d’être profitable dans les localités qui ne sont pas douées d’une température moyenne de 24 degrés. C’est en vain que l’on a tenté, parfois à grands frais, d’établir une cacaoyère sur un défrichement, même de terrain fertile, lorsque la température du climat ne pouvait en général dépasser 22 degrés 8 dixièmes. Les arbres cependant en quelques années y développaient une belle végétation, donnaient des fleurs et des fruits, mais ceux-ci ne mûrissaient pas. Tous les cultivateurs expérimentés dans les régions tropicales savent bien que l’on doit établir la culture du cacao sur des terrains vierges fertiles, enrichis par la chute des feuilles durant une longue suite d’années, tels que l’on en rencontre après le défrichement des forêts, surtout lorsque la superficie, en pente légère, est susceptible de recevoir des irrigations convenablement dirigées, qui entretiennent l’humidité ambiante dans l’air et dans le sol.

Lorsque l’on a reconnu dans la localité choisie les conditions de sol et de climat favorables, que l’on a effectué le défrichement, brûlé les racines, les branchages, parfois même les arbres abattus, et dispersé les cendres sur le sol, afin d’y ajouter les élémens minéraux de la nourriture végétale qu’elles contiennent, la plus importante préoccupation est de se pourvoir d’abris convenables contre les ardeurs du soleil et propres aussi à briser le souffle des vents impétueux. Quelquefois on peut à cet effet ménager, en défrichant, un certain nombre d’arbres feuillus ; mais il est rare que l’on rencontre de tels abris naturels. À défaut d’arbres feuillus, on a recours à des essences forestières d’une rapide croissance. Aux environs de Caracas, on forme des ombrages avec le bucare (erythrina umbrosa) ; pour composer ou compléter l’abri, souvent on environne le lieu de la plantation d’un triple ou quadruple rang de bananiers, et