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SCENES
DE
LA VIE JUIVE EN ALSACE



LES FETES ISRAELITES DE PRINTEMPS ET D’AUTOMNE.



La vie juive en Alsace, qui perd chaque jour de son originalité dans les villes, a conservé dans un milieu plus humble, dans quelques communautés villageoises surtout, sa forte empreinte traditionnelle. Il est par exemple entre les Vosges et le Rhin tels villages israélites où la vieille Judée se maintient depuis des siècles avec toutes ses superstitions, toutes ses coutumes naïves, et aussi avec toute sa majesté patriarcale. C’est dans deux de ces villages, on s’en souvient peut-être, qu’un rapide séjour m’avait permis d’observer quelques traits de la vie simple et calme des familles juives de l’Alsace. Mon passage à Bolwiller et à Wintzenheim m’avait pourtant laissé un regret. J’y avais assisté sans doute à des fêtes domestiques pleines d’originalité ; mais c’est dans les fêtes religieuses principalement que l’antique civilisation hébraïque reprend tout son ascendant et revit en quelque sorte avec sa poétique grandeur. Une occasion me fut offerte heureusement, il y a une année à peine, de retourner en Alsace à trois époques des plus solennelles pour tout bon Israélite. De cordiales invitations me ramenèrent dans le Haut-Rhin d’abord au temps des fêtes de Paeçach (Pâque), puis pendant la célébration du rosch haschonnah (nouvel an) et du kippour