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plus intimement de l’association. Dès 1853, le cabinet de Vienne remaniait le tarif de 1851, et il motivait une révision aussi prompte sur le traité du 19 février, qui, selon ses propres expressions, n’était qu’un premier pas dans la nouvelle politique commerciale de l’empire, et devait amener, dans un temps peu éloigné, l’union austro-allemande. En 1856 et 1857 furent décrétées de nombreuses mesures conçues dans le même esprit. Quand ces réformes furent accomplies, l’Autriche crut pouvoir se présenter utilement devant les états du Zollverein, pour solliciter la discussion d’arrangemens destinés à préparer l’œuvre de fusion complète dont le traité avait ajourné à 1860 la discussion définitive. Des réunions eurent lieu à cet effet en mars 1857 à Berlin, en janvier 1858 à Vienne. A la conférence ordinaire du Zollverein, qui se tint à Hanovre au mois d’août 1858, les propositions conciliantes de l’Autriche furent encore examinées; mais ces ouvertures multipliées, soutenues par des négociations diplomatiques auprès des gouvernemens et très habilement développées par les principaux organes de la presse allemande, n’aboutirent à aucun résultat. Bien que l’Autriche comptât dans le Zollverein de nombreux alliés, très disposés à seconder sa politique, elle ne put obtenir en aucune circonstance l’unanimité des votes. Une seule voix eût suffi pour écarter ses demandes, et cette seule voix, la Prusse l’aurait donnée.

Dans cette situation, comment supposer que l’année 1860 verra s’accomplir l’union austro-allemande? Comment la Prusse accepterait-elle dans l’association une influence rivale, et ne lutterait-elle pas jusqu’à la dernière extrémité pour évincer l’Autriche? Telles étaient, il y a un an à peine, les impressions de toute l’Allemagne. Les événemens politiques et militaires dont l’Italie vient d’être le théâtre, et qui ont si vivement ému le corps germanique, doivent-ils modifier cet état de choses en fournissant à l’Autriche de nouveaux argumens pour s’insinuer dans le Zollverein, ou sont-ils de nature à favoriser la résistance de la Prusse? La question vaut la peine d’être examinée.

A en juger par les dépêches qui, pendant la guerre d’Italie et surtout depuis la conclusion de la paix, ont été échangées entre les cabinets de Berlin et de Vienne, il semblerait que l’abîme qui sépare les deux gouvernemens est aujourd’hui plus profond qu’il ne l’a jamais été. La Prusse accuse l’Autriche de s’être témérairement jetée dans les aventures de la guerre et d’avoir compromis, sans nécessité bien démontrée, sans l’assentiment de la confédération, la tranquillité de l’Allemagne. De son côté, l’Autriche n’a pas manqué d’accuser la Prusse de l’avoir laissée seule aux prises avec un adversaire formidable, en désertant la cause germanique, indirectement attaquée en Italie. Non contens de récriminer au sujet de la