Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 23.djvu/743

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 septembre 1859.


Depuis plus d’un an, nous discutons la question de l’amélioration du régime de la presse avec une persévérance que la sympathique attention de nos lecteurs nous a rendue facile. Cette question a fait de sérieux progrès dans l’esprit public. Après la guerre surtout, elle a pris une grande place dans l’opinion. La préoccupation, en se généralisant, n’a pas tardé à se transformer en espérance, et l’espérance s’est crue encouragée par des faits significatifs. Si la discussion politique semblait se réveiller, il est juste de reconnaître que le gouvernement paraissait disposé à n’user qu’avec une extrême modération de l’arme légale que lui fournissait le décret de 1852. En effaçant par une amnistie les avertissemens précédemment infligés, le gouvernement encore donnait à croire qu’il était peu enclin à faire de nouveau emploi de cette pénalité discrétionnaire. Des personnages que le public croyait très informés des vues du gouvernement, M. de Morny et M. de La Guéronnière, avaient prononcé devant leurs conseils-généraux des paroles où résonnait un certain accent libéral. L’on avait remarqué que M. de Morny avait parlé « des libertés que l’on conquiert, » et qu’il avait présenté l’amnistie comme « le prélude du système où nous allions entrer. » Un généreux optimisme s’était hâté de lire dans ces favorables indices la promesse d’une réforme prochaine. Le bruit allait donc s’accréditant qu’un décret devait modifier avant peu la législation de 1852 sur la presse, lorsque le gouvernement a coupé court à ces espérances prématurées par deux notes insérées au Moniteur et par la publication d’une circulaire de M. le ministre de l’intérieur. Dirons-nous que cet incident nous a satisfaits ? L’on ne voudrait pas nous croire ; mais nous oserons dire qu’il ne nous a pas surpris, et nous ajouterons qu’il ne nous décourage point. La question des libertés de la presse a été vivement posée, et puisque de toutes façons elle demeure ouverte, nous considérons simplement comme une importante étape parcourue cette première phase du débat que sont venues terminer les récentes notifications officielles.