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contractions que détermine le courant électrique. Ces modifications consistent dans un déplacement des particules des muscles et des nerfs analogue à celui qui s’opère dans les corps conducteurs d’électricité, dans l’eau par exemple, quand elle transmet un courant électrique. Ce déplacement amène dans la même direction les pôles de chacune des particules. A l’état sain, le nerf et le muscle ont leurs particules douées d’une grande mobilité, de façon à pouvoir obéir facilement aux forces qui changent leur état d’équilibre naturel. La volonté ou une cause extérieure déterminant la contraction musculaire ou la sensation, la disposition des molécules se modifie de telle sorte qu’elle devient tout à fait semblable, dans le nerf comme dans le muscle, à ce qu’elle est dans un conducteur transmettant un courant électrique. Puisque dans notre économie circulent incessamment des courans multipliés, on ne s’étonnera pas que l’électricité de l’atmosphère ou celle de nos appareils agisse puissamment sur nos organes, dont elle modifie nécessairement les conditions électriques. Cette électricité extérieure stimule ou diminue l’action des muscles et des nerfs, et conséquemment celle des centres nerveux. Suivant qu’elle agit continûment ou par intermittence, elle donne des résultats différens. Ainsi l’état électrique de l’atmosphère ne saurait être changé sans que nous éprouvions dans notre économie des changemens correspondans. Tout le monde sait l’influence notable qu’une modification dans la constitution électrique de l’air produit sur l’état des malades, rendus plus accessibles aux influences extérieures à raison même du trouble de leur santé. Ceux qui souffrent de rhumatismes ou de névralgies ressentent des ravivemens ou des rémissions dans leurs douleurs. Les effets de la foudre sont propres à nous indiquer jusqu’à quel point cette influence électrique peut devenir considérable, et nous donnent la mesure de la puissance bienfaisante ou redoutable qu’elle a parfois sur nous. D’une part, on a vu chez des individus foudroyés des rhumatismes subitement guéris et les sens tout à coup doués d’une finesse remarquable; des coups de tonnerre ont dans quelques cas rendu la vue à des aveugles et la parole à des muets[1]. De l’autre, les lésions anatomiques les plus variées ont été produites; on a constaté la mutilation, l’arrachement de la langue, l’affaissement ou la dilatation des poumons, la rupture du cœur, la perfora-

  1. Une des guérisons instantanées opérées par la foudre qui ont été le mieux constatées est celle d’un Américain du Connecticut, âgé de cinquante ans; il souffrait d’un asthme depuis sa jeunesse, et après avoir été momentanément paralysé par le choc électrique, il se trouva subitement débarrassé de son mal. (Voyez American Journal of Science and Arts, 1er série, t. VI.) Ces cures soudaines rappellent les guérisons qui se sont opérées parfois sous l’influence d’une vive secousse de l’imagination, et elles pourraient bien se produire en vertu d’une action du même ordre.