Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 23.djvu/691

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mie en produisent aussi. Que l’on fasse réagir l’une sur l’autre, comme l’a montré M. Becquerel, deux dissolutions conductrices d’électricité entre lesquelles s’exerce une action chimique, même très faible, et voilà un courant qui se produit. Ainsi il n’est plus besoin de toute cette accumulation de plaques métalliques pour construire une pile : deux liquides réagissant l’un sur l’autre suffisent; un seul métal servira d’arc de communication entre ces deux liquides. De même l’hydrogène et l’oxygène, en agissant sur l’eau sous l’influence du platine, donnent naissance à un courant constant, et c’est sur ce phénomène qu’est fondée la construction des piles à gaz de M. Grove. Nous sommes armés de moyens bien variés pour décomposer les corps, pour en porter, à l’aide de conducteurs, les particules sur d’autres, pour précipiter les métaux et les réduire, pour préparer les corps simples, pour séparer les minerais des substances auxquelles ils sont associés. Il y a dans la nature une foule de corps qui ont pris naissance par l’action de véritables piles voltaïques dont la construction est due au hasard, et dès lors il devient possible de les reproduire. C’est ainsi que M. Becquerel est parvenu à former artificiellement divers produits cristallins.

L’électro-chimie fournit encore le moyen de déterminer sur la surface d’un métal un dépôt plus ou moins adhérent formé des particules d’un autre métal. C’est de la sorte que l’on étamait depuis longtemps les épingles, sans se douter qu’il y avait là une action électrique. La dorure, l’argenture, peuvent conséquemment s’obtenir, soit à l’aide de la pile, soit par des actions chimiques qui en reproduisent le phénomène. On sait que M. Elkington a réussi à dorer un métal par l’immersion dans une dissolution d’or, et que M. de Ruolz est l’inventeur d’un autre procédé de dorage à la pile. Ce dernier physicien est parvenu à platiner, à cuivrer, à plomber, à étamer, à zinguer divers métaux. La galvanoplastie nous a d’ailleurs appris, non plus seulement à obtenir des dépôts adhérens, mais de simples empreintes. Grâce aux découvertes de M. Spencer en Angleterre, de M. Jacobi en Russie, on peut déposer une enveloppe métallique sur le moule en creux ou en relief d’un objet à représenter, et obtenir ainsi l’empreinte de la surface du moule. On reproduit de la sorte des bas-reliefs, des bustes, des statues et une foule d’objets d’art; on fait la copie de cadrans de montre; on donne à des objets en plâtre l’apparence du bronze et du métal; enfin on va jusqu’à reproduire des planches destinées à la gravure ou à l’impression, soit en métal, soit en bois. Il suffit de faire déposer du cuivre, par exemple, sur des planches gravées en creux pour avoir des contre-épreuves en relief sur lesquelles on opère un second dépôt qui donne une planche semblable à l’original.