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se sont toutes au même instant mises en action, les galvanomètres ont fortement dévié, tantôt à droite, tantôt à gauche; les aiguilles présentaient des mouvemens inaccoutumés. Plus les lignes de fils conducteurs étaient longues, plus la perturbation a été manifeste. Ces particularités ont été observées aussi bien en France qu’aux États-Unis. L’étroite liaison qui existe entre la production des aurores boréales et la distribution des forces magnétiques nous explique ces faits. Chacun sait effectivement que les apparences lumineuses qu’on désigne sous le nom d’aurores boréales, mais qui s’observent aussi dans le voisinage du pôle austral, se trouvent dans une orientation remarquable avec le méridien magnétique, autrement dit le plan qui passe par l’aiguille aimantée en repos. Le sommet du segment circulaire qu’entoure l’arc lumineux, le centre de la couronne radiée dont les rayons s’élèvent parfois jusqu’au zénith, sont placés, le premier dans le méridien magnétique, le second sur le prolongement de l’aiguille d’inclinaison. On n’a point encore découvert la cause de ce remarquable phénomène; mais le résultat des observations suffit pour démontrer qu’il est un effet du magnétisme terrestre. La terre peut être comparée à un grand aimant; elle a ses pôles magnétiques, qui exercent une action sur les pôles des aimans : elle aimante le fer doux. D’après les vues de certains physiciens, le soleil doit même aussi être envisagé comme un autre aimant, mais d’une puissance prodigieuse, agissant par influence sur le globe terrestre.

Des applications de l’électricité, les télégraphes électriques nous ont offert les plus curieuses; il en est d’autres qui ne méritent pas moins d’être signalées. On a construit des horloges électriques dans lesquelles la force motrice, au lieu d’être, comme pour les horloges ordinaires, un poids ou un ressort, est une force électro-magnétique. L’action d’aimans permanens sur une hélice ou une bobine parcourue par un courant y entretient le mouvement du pendule. C’est ce qu’on observe dans l’horloge de M. Bain, à qui l’on doit l’invention d’instrumens de physique des plus ingénieux. Un autre constructeur de grand mérite, M. Froment, à l’aide d’un mécanisme des plus heureux, est parvenu à rendre ces appareils indépendans de l’intensité facilement variable du courant électrique. Moyennant un poids qui agit sur le pendule, il lui imprime des impulsions toujours égales, et l’électricité seule est mise en jeu pour déterminer l’action de ce poids. On a aussi inventé un mécanisme propre à faire marcher d’accord des horloges ou des pendules ordinaires, en les réglant à chaque heure par le passage d’un courant électrique sur une horloge régulatrice. Plusieurs physiciens ont même réussi à construire des horloges qui télégraphient l’heure, la minute, la seconde, mar-