Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 23.djvu/683

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le pôle négatif de la pile, c’est-à-dire avec les extrémités de cet appareil qui se chargent d’électricité dite positive ou d’électricité dite négative.

C’est à Ampère que revient l’honneur d’avoir rattaché ces phénomènes, en apparence particuliers, à des causes plus générales, dont ce savant illustre n’a pas connu toute l’étendue. Ampère constata que l’action découverte par OErsted n’avait pas lieu seulement dans le voisinage du fil conjonctif, mais qu’elle était également exercée par toutes les parties du conducteur unissant les deux pôles d’une pile, et par la pile elle-même, lorsque ces deux pôles communiquent entre eux. Il remarqua en outre que le sens suivant lequel l’aiguille est déviée varie selon qu’elle est placée sur la pile ou sur le fil conjonctif. On étudia dès lors avec plus d’attention l’influence des courans électriques, on en rechercha l’action sur les corps magnétiques, c’est-à-dire susceptibles d’être aimantés. On parvint à aimanter l’acier à l’aide d’un courant, et à déterminer dans un barreau de fer doux un magnétisme temporaire. De là vint la construction d’électro-aimans, c’est-à-dire d’instrumens qui manifestent la propriété des aimans sous l’influence du courant électrique. Enfin en 1832 Faraday découvrit que le courant électrique pouvait, tout aussi bien que l’aimant, développer à distance dans un fil conducteur un autre courant. Un physicien français, M. Lallemand, a fait voir que ces courans instantanés, produits par l’induction, s’attirent ou se repoussent les uns les autres, comme le font les aimans et les courans électriques continus.

De la sorte, les phénomènes magnétiques ont été ramenés à des effets d’électricité dynamique. On a été plus loin : l’action sur les aimans avait été d’abord jugée particulière au fer et à certaines autres substances; on a fini par reconnaître que le magnétisme était beaucoup moins limité. Les corps sont tous influencés par l’aimant, autrement dit tous magnétiques, avec cette différence que l’aiguille aimantée attire les uns suivant son axe et repousse les autres suivant une direction perpendiculaire à cet axe. Les corps peuvent ainsi se diviser en deux classes, les paramagnétiques et les diamagnétiques. De la nature du corps dépend en outre l’énergie avec laquelle l’action de l’aimant se fait sentir.

L’électricité, dont les anciens n’avaient constaté l’action que dans l’ambre (électron), auquel elle doit son nom, se produit, on le voit, partout. Les sources de l’électricité sont aussi abondantes dans la nature que celles de la chaleur. C’est une des manifestations les plus générales de ces grandes lois qui régissent l’univers. Une fois l’étendue et l’universalité des phénomènes électriques reconnues, on a pu en démontrer non moins aisément l’unité ou