Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 23.djvu/642

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dri l’intérêt qui s’attachait aux Marquises ; trois ans plus tard, elle l’absorbait tout entier. L’abandon de Vaïtahu, qui déjà avait vu diriger sur les îles de la Société la plus grande partie de ses troupes et de son matériel, fut définitivement résolu en 1847, le jour de l’arrivée du contre-amiral Lavaud, qui succédait à M. Bruat dans le gouvernement de nos possessions océaniennes. L’évacuation se fit peu de temps après sur une goélette et une gabare, et la garde des bâtimens abandonnés ayant été confiée aux missionnaires, ceux-ci furent autorisés à jouir, en guise de rémunération, d’un quart du produit des bestiaux laissés dans l’île. Or le bétail de Tahuata s’était si considérablement multiplié en 1849, que pendant une année environ la goélette la Papeïti put, outre l’approvisionnement de Taiohaë, transporter aux îles de la Société une moyenne de deux bœufs par mois. À son tour, le personnel de l’établissement de Taiohaë, réduit en 1848, passa tout entier l’année suivante à Taïti ; néanmoins, l’abandon du poste pouvant n’être que provisoire, les droits du premier occupant furent réservés. Le chef Te-Moana continua de toucher son traitement (2,000 francs par an), et l’on plaça sous la protection du tapu les corps de logis en bois dont la translation à Taïti avait été jugée inutile. Quand, à la suite du vote de l’assemblée législative qui fixait Nukahiva pour lieu de déportation, la corvette la Moselle, conduisant les premiers condamnés avec leurs familles, vint mouiller à Taiohaë, elle trouva encore en fort bon état la maison du gouverneur, le pavillon des officiers et le magasin général. Les équipages de l’Artémise et de la Moselle réparèrent le fort Collet, où dans le principe on enferma les trois déportés Gent, Hode et Longo-Masino. Deux blockhaus venus de France sur la Moselle couronnèrent aussi l’un la colline d’Avao, l’autre une hauteur voisine de l’établissement, et une nouvelle occupation, composée d’une compagnie d’infanterie, de dix ouvriers d’artillerie, de douze gendarmes, le tout appuyé d’un navire stationnaire, commença sous le commandement d’un capitaine de frégate. Depuis cette époque, divers travaux ont été entrepris à Taiohaë