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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 octobre 1859.

L’intérêt de la question italienne s’est déplacé et en ce moment se concentre sur la question romaine. On ne s’était guère préoccupé de la conférence de Zurich jusqu’à ces derniers jours, où l’on a fini par s’impatienter du retard apporté à la signature, annoncée depuis un mois comme prochaine, d’un traité auquel on n’attachait pas cependant une grande importance. Ce qui inquiétait l’opinion, c’était la situation des duchés, disons mieux, de l’Italie centrale, car l’opinion ne voyait pas dans l’Italie centrale les distinctions qu’y doit faire la diplomatie. Pour le public, il y a une solidarité générale entre les duchés et les Romagnes. Pour la diplomatie, il y a trois questions distinctes dans l’Italie centrale : celle de Parme, qui ne soulève pas de difficulté, attendu qu’il n’a été fait à Villafranca aucune réserve en faveur des droits du duc mineur, et que la duchesse régente de Parme et son fils ne s’appuient sur aucune grande puissance ; celle de Modène et de Toscane avec leurs archiducs, dont la restauration a été stipulée par l’empereur d’Autriche ; celle des légations, où sont en jeu une partie du patrimoine et le principe du pouvoir temporel du saint-siége avec les intérêts catholiques qui s’y rapportent. Depuis la paix de Villafranca, le problème italien qui occupait la première place dans l’opinion était la promesse de restauration faite par les fameux préliminaires aux dynasties autrichiennes déchues et contredite par les manifestations des populations de Modène et de Toscane ; aujourd’hui c’est la question romaine qui vient sur le premier plan et qui s’y présente avec une gravité qu’on ne saurait méconnaître. Les votes de l’assemblée des Romagnes, la déchéance du pouvoir pontifical prononcée par cette assemblée, la réponse du roi de Sardaigne au vœu d’annexion des légations, ont eu promptement pour écho l’allocution consistoriale du saint-père, la rupture des relations diplomatiques entre la cour de Rome et la Sardaigne, et dans les divers pays catholiques, en France surtout, des ma-