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c’est elle qui désigne les présidens de district et assigne leurs circuits aux prédicateurs, qui ne peuvent prêcher plus de deux années consécutives aux mêmes ouailles. Les évêques et les délégués élus par chaque conférence forment l’assemblée générale, qui se réunit tous les quatre ans, et qui est le pouvoir suprême, puisqu’elle élit et contrôle les évêques, qu’elle prononce en dernier ressort sur les questions disciplinaires, et qu’elle peut même, sauf certaines restrictions, modifier la doctrine, les règlement et la constitution de l’église.

Telle est dans ses traits essentiels l’organisation de l’église méthodiste américaine, organisation savante et compliquée, qui n’est pas sortie de la tête d’un homme et ne s’est pas faite d’un seul jet, mais qui est l’œuvre du temps et de l’expérience. Elle s’est développée et complétée à mesure qu’un besoin nouveau se révélait, et c’est ainsi qu’elle a satisfait à presque toutes les exigences d’une société placée dans de tout autres conditions que les nations du vieux monde. Fidèle au principe posé par Wesley, le méthodisme américain cherche à combiner les efforts du zèle individuel avec l’action régulière du clergé, d’ailleurs toujours tenu en haleine par l’incessante inspection des présidens et des évêques. Son organisation flexible lui permet de suivre dans ses progrès les plus rapides une société dont le mouvement d’expansion ne s’arrête pas. À mesure que la civilisation empiète sur le désert et que le cercle d’action s’élargit, le circuit méthodiste se transforme en district, le district en conférence, de telle façon que les prédicateurs ne se trouvent jamais surchargés, et que le contrôle demeure toujours efficace. L’institution des classes donne en même temps le moyen de suivre les émigrans jusqu’au fond des forêts. Le propre du méthodisme, et c’est là ce qui a fait sa fécondité, est de ne jamais laisser le chrétien abandonné à lui-même et privé de tout secours spirituel. À défaut de ministre du culte, le fidèle le plus isolé est assuré de trouver conseil, encouragement ou consolation chez l’exhortateur ou chez le chef de classe. En même temps que la hiérarchie savamment graduée du méthodisme lui permet d’atteindre jusqu’aux limites extrêmes de la civilisation, elle embrasse, ce que ne font pas toutes les sectes américaines, jusqu’aux derniers rangs de la société ; elle ne laisse pas les nègres en dehors du christianisme, et elle a fait entrer les Indiens eux-mêmes dans le cercle de ses missions.


II

L’introduction du méthodisme en Amérique et le début du mouvement d’émigration vers l’ouest sont deux faits contemporains. Les