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non comprises dans la confédération, celle-ci n’est obligée de prendre des mesures de défense ou une part active à la guerre qu’après que la diète aurait reconnu en conseil permanent l’existence d’un danger pour le territoire de la confédération. » Ce sont là les deux articles qui règlent la situation. Le premier met absolument hors de cause la confédération germanique. Comment le second pourrait-il être invoqué ? N’est-ce point l’Autriche qui a envahi le Piémont et a pris la responsabilité de la guerre, au lieu d’être attaquée dans ses possessions ? Le gouvernement anglais, dès le premier moment, n’a point hésité à faire savoir en Allemagne qu’à ses yeux la confédération germanique était entièrement désintéressée dans la guerre actuelle. La Russie a exprimé la même opinion, et il n’est point impossible qu’elle n’ait ajouté que la décision de l’Allemagne réglerait l’attitude qu’elle devrait prendre. Sans doute l’Allemagne est libre de ne consulter qu’elle-même, et elle peut aller bien au-delà des devoirs que lui trace son pacte fédéral ; mais alors ce n’est plus pour remplir ses obligations qu’elle agit, c’est pour soutenir par les armes une politique qui est l’œuvre d’une autre puissance. Elle ne se défend plus, elle se jette délibérément dans une mêlée pour venir en aide non à un membre de la confédération, mais à une puissance européenne dont elle adopte la cause et les intérêts.

C’est là justement le point grave et délicat. Est-il vrai, ainsi que le disait M. de Buol dès le début de cette crise dans un langage habile et flatteur pour ses petits états, est-il vrai que la cause de l’Autriche et celle de l’Allemagne ne soient qu’une seule et même cause, que les intérêts allemands et les intérêts autrichiens soient identiques, et que la domination impériale en Italie touche essentiellement la puissance germanique ? Ce n’est point par ses obligations légales, on vient de le voir, que l’Allemagne est liée. Ce n’est pas non plus par les traditions de son histoire depuis 1815. Une chose remarquable au contraire, c’est le soin qui a toujours été mis à tenir l’Italie autrichienne en dehors de la sphère de la confédération germanique. À l’époque où furent fixées les limites du territoire allemand, il était clairement déclaré que la Lombardie n’était pas annexée aux états fédéraux allemands, afin « de ne pas étendre au-delà des Alpes la ligne de défense de la confédération. » Lorsque vers 1820 l’Autriche se disposait à entreprendre sa croisade de réaction et de compression en Italie, elle était obligée de rassurer l’Allemagne en lui promettant qu’en aucun cas elle n’aurait recours aux forces confédérées pour ce qui concerne l’Italie. Dans un temps plus récent, quand l’Autriche, après 1848, a voulu essayer d’entrer avec toutes ses provinces de nationalités diverses dans la confédération, elle a trouvé une résistance plus nette peut-être en Europe qu’en Allemagne ; mais ce qui est bien véritablement allemand, c’est