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de l’école, Chabert, et les deux principaux professeurs, Fourcroy et Vicq d’Azyr. Vicq d’Azyr, premier médecin de la reine, n’a pu supporter le spectacle des fureurs révolutionnaires : il est mort de douleur et d’effroi en 1794. Fourcroy, moins sensible, a été tour à tour membre de la convention et du conseil des anciens, et directeur-général de l’instruction publique sous l’empire.

Deux autres grands établissemens avaient avec la Société d’Agriculture de nombreux rapports. Outre Buffon, qui avait le titre d’intendant, le Jardin des Plantes avait fourni un membre presque aussi illustre, le célèbre jardinier en chef André Thouin. Arthur Young allait souvent au Jardin du Roi pendant son séjour à Paris, pour assister aux leçons de Thouin et pour suivre ses expériences sur le chanvre de Chine et sur une foule d’autres plantes utiles. « Plus je vois M. Thouin, dit-il, plus il me plait ; c’est l’homme le plus aimable que je connaisse. » L’autre établissement était la ferme royale de Rambouillet, récemment achetée par Louis XVI au duc de Penthièvre. L’abbé Tessier et le comte d’Angivilliers, tous deux membres de la société, avaient inspiré au roi l’idée d’y établir une ferme expérimentale et un troupeau de bêtes à laine d’Espagne. Le premier envoi de mérinos y arriva en 1786.

Le nom de Parmentier, alors pharmacien en chef de l’hôtel des Invalides, est indissolublement uni à l’histoire de l’une de nos plus grandes conquêtes agricoles, la pomme de terre. Ce précieux végétal, transporté du Pérou en Europe dès le XVIe siècle, cultivé en Italie et en Angleterre dans les siècles suivans, avait beaucoup de peine à s’introduire en France, et ne trouvait quelque faveur que dans nos provinces méridionales. C’est Parmentier qui, à force de persévérance, a triomphé des préjugés. Ce service est le plus connu de ceux qu’a rendus Parmentier, mais ce n’est pas le seul : il est en outre l’inventeur et le propagateur des procédés perfectionnés de mouture qui ont fait de la France le premier pays du monde pour l’extraction de la farine et la confection du pain ; il avait décidé le gouvernement à ouvrir sous sa direction, en 1779, une école de boulangerie. Sa ville natale, Montdidier, lui a érigé une statue.

En même temps le premier secrétaire perpétuel de la Société d’Agriculture, M. de Palerne, avait été remplacé par un homme plus jeune et plus remuant, Broussonnet, qui était déjà, quoiqu’il n’eût pas vingt-cinq ans, membre de l’Académie des Sciences et suppléant de Daubenton à la chaire d’économie rurale à l’école vétérinaire. Le nouveau secrétaire perpétuel portait dans ses fonctions l’ardeur de son âge et de son esprit. « C’est un homme singulièrement actif, dit Arthur Young, qui possède une multitude de connaissances utiles et qui parle fort bien anglais. Peu d’hommes