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qui ne savent que lire, écrire et compter ; mais il n’est pas rare qu’un jeune homme à peu près inculte, venu des régions les plus sauvages de l’ouest, triomphe bientôt à force de travail de ses camarades élevés dans les écoles du nord ou du sud.

Le régime même de l’école ressemble beaucoup à celui de notre école polytechnique : mêmes programmes, même système d’examens, même esprit d’équité dans le classement ; on a vu refuser des brevets au fils de Henry Clay et au neveu du général Taylor. Les études comprennent quatre années, parce que l’éducation scientifique des élèves est à faire presque entièrement. Les exercices militaires et le maniement des armes jouent aussi un grand rôle dans l’éducation de Westpoint, parce que les élèves qui reçoivent des brevets d’officier dans la cavalerie, l’infanterie et l’artillerie entrent immédiatement dans leurs régimens. Il n’y a une école d’application que pour les ingénieurs ou officiers du génie qui, pendant trois ans, sont occupés au bureau topographique de Washington. L’école de Westpoint fournit à la confédération beaucoup plus d’officiers qu’il n’en faut ; mais le plus grand nombre d’entre eux, après une année obligatoire de service, se retirent et rentrent dans la vie civile ; ils acceptent généralement des commandemens dans la milice, qui peut recevoir par leurs soins une organisation beaucoup plus forte que ne l’est celle des corps analogues dans d’autres pays.

Il y a dix ans environ, le gouvernement des États-Unis a fondé une école qui doit devenir pour la marine ce que Westpoint est pour l’armée. Cet établissement ne peut manquer d’acquérir aux États-Unis une importance considérable, car, en présence de l’augmentation des forces maritimes de presque toutes les nations, l’Amérique se voit aussi obligée d’augmenter le nombre de ses vaisseaux de guerre. On a longtemps cru aux États-Unis que la marine marchande pourrait, en se transformant, suffire à tous les besoins d’une lutte maritime ; mais, sans négliger cet élément important, on s’occupe depuis quelques années de créer une flotte à vapeur destinée à protéger sur les mers l’indépendance du pavillon étoile.

Outre les institutions vouées à l’enseignement et à la diffusion des connaissances humaines, il en est, dans presque tous les pays, d’autres dont l’objet est de travailler directement au progrès même des sciences. La France a des institutions vouées d’une manière toute spéciale à cette noble tâche : de ce nombre sont le Collège de France, dont le principe est d’admettre de préférence dans ses chaires des novateurs, ou, si l’on me permet ce mot, des chercheurs ; le Jardin des Plantes ; l’Institut, qui n’ouvre ses portes qu’à ceux qui ont ajouté quelque chose à la gloire littéraire ou