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sieurs reprises, n’a jamais été bien prospère, et le nombre des élèves n’y est pas considérable. Savannah possède quelques académies plus florissantes.

Les vastes états agricoles de l’ouest encouragent l’instruction publique autant qu’on peut le faire dans des régions où sur beaucoup de points la civilisation en est encore à ses premières conquêtes. La plus ancienne université de l’ouest est celle du Kentucky, fondée en 1788. Le même état possède aussi plusieurs collèges, à Banville, Bardstown, Augusta, Princetown et Georgetown. L’état de Michigan a une université importante, qui compte actuellement plus de 300 élèves, c’est celle de Ann-Arbor. L’université de Madison, dans le Wisconsin, était fréquentée récemment par 167 élèves, celle du Missouri, à Columbia, par 130 élèves, et celle de Wabash, à Crawfordsville, dans l’Indiana, à peu près par le même nombre.

Les établissemens qu’on vient d’énumérer se gouvernent par leurs propres lois, et jouissent d’une indépendance complète. Si l’en cherche aux États-Unis une école qui relève du pouvoir central, on n’en trouve qu’une, c’est l’école militaire de Westpoint : à bien des titres, elle mérite d’être étudiée ; les principes démocratiques, dont je viens de montrer l’application dans l’instruction primaire et secondaire, se révèlent encore, sous une forme nouvelle et toute particulière, dans l’organisation de l’école fédérale.

Je surprendrai assurément beaucoup de personnes en déclarant que l’école militaire de Westpoint est essentiellement démocratique, et en leur apprenant en même temps qu’on n’y entre point par le concours, mais que toutes les places y sont à la disposition du président des États-Unis. Si, conformément à nos idées françaises, un examen préalable était nécessaire pour y être reçu, les jeunes gens de quelques villes privilégiées y seraient exclusivement admis, parce qu’ils auraient seuls les moyens de se préparer au concours. Les fermiers des états du far west, les habitans des campagnes dans l’immense territoire de l’Union, n’y verraient point arriver leurs enfans. Pour que l’armée conserve un caractère éminemment national et fédéral, il faut qu’elle se recrute constamment dans toute l’Union : aussi le président a-t-il été investi du droit de choisir dans chaque district électoral un élève pour Westpoint. Il est indifférent à la nation américaine que dans un pareil choix le président soit guidé par des raisons politiques et cherche à récompenser des services électoraux ; ce qui lui importe, c’est que de tout temps son armée soit recrutée dans toutes les parties de l’Union, afin qu’elle ne puisse jamais devenir l’instrument d’une faction. La conséquence forcée d’un tel système, c’est qu’un grand nombre d’élèves arrivent à Westpoint fort ignorans : il y en a beaucoup