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Outre les élèves du collège, l’université de Cambridge comptait, en 1855, 300 étudians professionnels, dont 104 étudians en médecine, 111 étudians en droit, 67 étudians scientifiques (scientific students), 2 étudians en astronomie, 14 étudians en théologie.

L’école de droit a été fondée pour donner une éducation légale complète à ceux qui se préparent au barreau, et en même temps pour enseigner la jurisprudence commerciale aux jeunes gens qui veulent entrer dans les affaires. Ces derniers ne reçoivent naturellement que des leçons d’une nature assez spéciale et n’étudient que la portion des lois qui concerne la forme des sociétés commerciales, les contrats, les assurances, les ventes, la navigation. Il n’est pas nécessaire, pour être reçu à l’école de droit, de passer un examen, ou de fournir la preuve d’études antérieures : il faut seulement être âgé d’au moins dix-neuf ans, et présenter un certificat de bonnes mœurs. Les études n’embrassent que deux années, divisées chacune en deux termes de vingt semaines ; les étudians sont d’ailleurs admis librement à tous les cours que suivent les sous-gradués, et peuvent y compléter leur éducation générale en même temps qu’ils achèvent leur éducation professionnelle. Les dépenses par terme comprennent un droit de 250 francs, et une somme qui varie de 600 à 1,200 francs pour la nourriture et le logement ; il faut donc compter par année une somme de 2,000 à 3,000 francs environ. L’école de médecine annexée à l’université de Harvard a son siège à Boston même ; pour y suivre les cours, il faut payer une somme de 400 francs par an ; des leçons cliniques qui ont lieu dans les hôpitaux forment, comme dans une académie de médecine française, un complément nécessaire aux leçons théoriques.

L’école de théologie ne tient qu’une bien petite place à l’université de Harvard, mais, dans un grand nombre d’universités américaines, elle est au contraire la plus importante. Il n’est pas de pays au monde où les études théologiques soient cultivées avec autant d’ardeur qu’aux États-Unis ; rien ne favorise le développement de l’esprit religieux, n’échauffe le prosélytisme comme la séparation absolue de l’église et de l’état. Il n’est point de village en Amérique qui n’ait son ministre, point de petite ville qui n’en ait plus d’un. Les ministres sont les guides de l’opinion et des consciences ; leur influence est d’autant plus grande que leur entière indépendance de l’état leur permet l’accès libre de la politique ; le ton des sermons prononcés dans les églises américaines est fait pour nous étonner de ce côté de l’Atlantique. On n’y écarte aucune des préoccupations du jour : on y discute l’esclavage, tantôt pour l’attaquer, plus souvent, il faut le dire avec regret, pour le défendre ; les questions constitutionnelles y sont agitées aussi bien