Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 21.djvu/367

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jeunes gens sont assurément les meilleurs maîtres élémentaires, parce qu’ils ont un sentiment plus vif des difficultés qu’ils ont eux-mêmes récemment dû surmonter.

Chaque année, le conseil de la commune vote dans sa session du printemps le budget des écoles : la taxe qui fournit à l’entretien des écoles publiques est directe et pèse sur la propriété. Voici en quels termes éloquens le célèbre orateur Daniel Webster défendait cet impôt en 1821, dans une assemblée du Massachusetts : « En ce qui concerne l’instruction publique, nous tenons que tout homme doit être taxé suivant ce qu’il possède, et nous ne nous demandons pas s’il a lui-même ou n’a pas des enfans qui puissent profiter de l’éducation qu’il contribue à payer ; nous regardons cette méthode comme sage et libérale, et propre à assurer la propriété, la vie, la paix de la société. Nous cherchons à prévenir dans une certaine mesure l’extension du code pénal, en inspirant dans un âge tendre les principes salutaires et conservateurs de vertu et d’éducation. Nous cherchons à exalter le sentiment de la respectabilité et de la conscience morale, en élargissant l’étendue et en augmentant la sphère des jouissances intellectuelles. Par une instruction générale, nous cherchons, autant que possible, à purifier l’atmosphère morale, à maintenir les bons sentimens, à tourner le fort courant des consciences et de l’opinion aussi bien que les censures de la loi et les dénonciations de la religion contre l’immoralité et le crime. Nous espérons fonder une sécurité placée au-delà de la loi et au-dessus de la loi, dans la prépondérance des sentimens moraux et des bons principes. Nous espérons continuer et prolonger le temps où, dans les villages et les fermes de la Nouvelle-Angleterre, on jouira d’un sommeil paisible, sans barricader les portes. Sachant que notre gouvernement repose directement sur la volonté publique, nous nous efforçons d’imprimer à cette volonté une prudente et sage direction. Nous ne nous attendons pas à trouver en tout homme un philosophe et un homme d’état ; mais nous avons confiance, et notre espoir en la durée de notre système de gouvernement repose sur cette croyance, que, par la diffusion des connaissances générales et des bons et vertueux sentimens, l’édifice politique peut être garanti aussi bien contre les violences ouvertes que contre la lente, mais sûre décomposition de la licence. »


II.

Si l’état et la commune ont porté aux États-Unis l’éducation primaire à un degré de perfection inconnu dans l’ancien monde, sauf peut-être dans quelques parties privilégiées de l’Allemagne, leur œuvre s’est bornée là : la démocratie américaine distribue avec gé-