Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 21.djvu/352

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de véritables masses planétaires. Les inégalités de mouvement dans ces masses qui continuaient à tourner autour du soleil en déterminèrent plus tard les rapprochemens; le plus gros fragment finit par absorber les plus petits, et de la sorte prit naissance chaque planète du système solaire, dont l’orbite rappelle encore l’ancienne disposition annulaire. Cependant il a pu arriver que les divers fragmens dans lesquels chaque anneau s’était décomposé ne se réunissent pas en une seule planète et continuassent à tourner séparément autour du soleil. Telle paraît avoir été l’origine de cette soixantaine de planètes découvertes depuis un peu plus d’un demi-siècle entre Mars et Jupiter.

Chaque masse planétaire n’a point tardé à reproduire un phénomène du même ordre que la masse totale. La condensation s’opérant peu à peu, les molécules les plus éloignées du soleil se sont rapprochées de cet astre, attirées qu’elles étaient au centre du noyau; les molécules qui en étaient le plus rapprochées s’en sont par contre éloignées. Les premières ayant acquis une vitesse plus grande par suite de l’attraction solaire, les dernières ayant perdu de leur vitesse, il a dû en résulter un mouvement de rotation de la masse planétaire totale autour de son centre et dans le sens même de son mouvement de révolution autour du soleil. Voilà donc les planètes constituées avec leur double mouvement de rotation et de translation, et de même que la masse totale avait, par suite du refroidissement, abandonné à son équateur des anneaux de matière, les planètes en ont également abandonné; lesquels anneaux, se prenant à leur tour en une ou plusieurs masses, ont donné naissance aux satellites. La lune fut ainsi le résultat d’un phénomène tout semblable à celui qui a déterminé la formation des planètes; Saturne seul, par des circonstances exceptionnelles, a conservé ses anneaux primitifs.

La matière qui s’est réunie à une certaine distance d’une planète pour former un satellite a du s’allonger dans le sens de la ligne qui la joignait à sa planète, de même que dans le phénomène des marées on voit l’action de la lune déterminer un allongement de la surface de la mer, suivant la ligne qui va de la terre à la lune. Il en est résulté une tendance à tourner toujours les mêmes points de sa surface vers le centre de la planète, ce qui s’observe, comme on sait, pour la lune, et ce que Herschel a cru remarquer pour les satellites de Jupiter.

Plus petite dans sa masse que la terre, la lune a dû se refroidir plus vite. Aussi cet astre présente-t-il une plus faible pesanteur spécifique que notre globe. Les affinités chimiques y ont moins agi et ont donné naissance à des substances moins denses.