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ditions se trouvait notre planète à ces différentes périodes, car la structure des animaux paléozoïques est un indice suffisant du mode d’existence qu’ils ont menée et du climat sous lequel ils ont vécu. C’est la paléontologie surtout qui mit sur la voie des révolutions du globe. Tant qu’on n’avait devant soi que des masses minérales, que des amas d’eaux et des laves volcaniques, on pouvait croire à priori que toutes ces matières avaient été produites en même temps, que leur création datait des sept jours; on pouvait admettre à la rigueur que les changemens auxquels elles avaient été exposées étaient postérieurs à l’apparition de l’homme sur la terre. Une fois cependant qu’il eut été constaté que des milliers d’animaux avaient existé, dont aucun souvenir ne s’est conservé, même aux âges les plus reculés, que ces animaux se trouvaient dans des lieux qui, tels qu’ils sont, n’ont pu leur offrir les moyens de subsister, il a bien fallu confesser que la Bible n’avait pas tout dit. Tous les animaux n’avaient donc pas habité le paradis terrestre, ni trouvé un asile dans l’arche de Noé. On eut alors forcément l’idée de grands changemens opérés dans notre planète avant l’apparition de l’homme, de la flore et de la faune actuelles.

Un autre phénomène frappa les observateurs, c’est que la disposition des couches terrestres dénote des dépôts fort lents, des soulèvemens graduels, des submersions et des émersions successives, des déchiremens prolongés. Ce ne fut plus seulement à un cataclysme qu’il fallut avoir recours pour s’expliquer ces apparences, mais à un ensemble de faits dont ceux qui s’accomplissent aujourd’hui nous donnent en petit l’idée. Les années réclamées pour ces révolutions s’accumulèrent; on arriva à des périodes incroyables, à des milliers, à des millions d’années. La plus haute antiquité connue ne s’offrit plus que comme une époque moderne, et la chronologie biblique s’écroula sous le poids des siècles qu’il y fallait superposer. C’est dans cet état que les cosmologues trouvent aujourd’hui la science. Tout s’est agrandi, et le champ de l’espace, dont les télescopes ont reculé indéfiniment les limites, et la durée de la création, et les périodes de transformation que notre planète a traversées. Il faut que la cosmogonie compte maintenant avec une foule de forces et de phénomènes dont les anciens n’avaient pas la moindre idée; mais comme nous ne possédons qu’un nombre de faits relativement très petit, on ne doit encore généraliser qu’avec une extrême réserve. Pour arriver à quelques données positives ou plausibles, il est nécessaire de commencer par les phénomènes les plus simples et les plus directement observables. La nature agissant toujours du simple au composé, il n’y a qu’à la suivre pour comprendre son mode d’action jusqu’au moment où les faits de-