Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 21.djvu/290

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans les principales villes des imprimeries souvent accompagnées de lithographies. Une maison considérable d’Alger[1] imprime et édite de beaux ouvrages avec une grande variété de caractères arabes. Huit journaux et trois recueils périodiques sortent des presses algériennes[2].

Tels sont les principaux faits qui peuvent servir à caractériser le développement agricole ou industriel de l’Algérie et l’influence bonne ou mauvaise de nos procédés de colonisation. Il y a maintenant à signaler quelques essais tentés dans une voie nouvelle, au nom du principe d’association sous une triple forme, religieuse, — agricole et domestique, — financière et commerciale. Ces trois essais sont: la Trappe de Staouéli, l’Union du Sig, la Compagnie des colonies suisses de Sétif.

Une sympathie universelle s’est attachée à la Trappe de Staouéli, et il n’est aucun voyageur qui ait pénétré dans son enceinte, qu’ombrage un groupe élégant de beaux palmiers, sans participer au recueillement qu’inspire un sanctuaire de travail, de prière, d’aumône, en ces lieux qui furent le premier champ de bataille des Français, au lendemain de leur débarquement sur la plage de Sidi-Ferruch. Cette première impression se fortifie en visitant l’intérieur de l’établissement, où plane l’esprit d’ordre et de paix, en parcourant les jardins et les champs, où règnent le travail et le silence. Comment n’admirerait-on pas surtout la religieuse résignation de tant de victimes, immolées, les unes à l’austérité de la règle, les autres aux épreuves du climat ou des défrichemens? Mais la raison, qui ne saurait abandonner tous ses droits, voudrait savoir ce que coûtent ces murs solidement construits, ces arbres bien venus, ces vignes chargées de grappes, ces cham()s bien cultivés, ces bestiaux nombreux et prospères. Sur tout cela, mystère absolu. L’on sait que l’état a aidé l’œuvre par sa munificence dès la fondation, qu’il l’a toujours soutenue par son appui le plus généreux, qu’il a mis à sa disposition des bras militaires en grand nombre et à bas prix, qu’il l’a affranchie de toutes les charges communales en impôts et en travaux de routes, et lui a fait par toutes ses libéralités une situation privilégiée. On soupçonne d’ailleurs que des quêtes, des dons volontaires, des apports de diverses sources ont constitué à la maison un capital considérable. Quel en est le chiffre exact? Nul ne peut le dire, même approximativement. Dans cette ignorance, les résul-

  1. La maison Bastide.
  2. Ces journaux soit : l’Akhbar, l’Algérie nouvelle, le Tirailleur, à Alger; — l’Echo d’Oran, l’Éditeur, à Oran; — l’Africain, à Constantine; — la Seybouse, à Bone; — le Zéramna, à Philippeville — Un neuvième journal a été autorisé récemment : l’Indépendant, à Constantine. Les recueils sont la Revue Africaine, le Bulletin de la Société d’Agriculture et le Journal de Jurisprudence, tous trois publiés à Alger.