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recherches curieuses sur la vie et les ouvrages de Fichte. La vie de Fichte est le complément naturel de ses œuvres et leur sert de pièce justificative, car, ce qui n’arrive pas toujours, l’homme chez lui a valu le penseur et l’écrivain.


EUGÈNE DESPOIS.



Résumé historique de l’Exploration faite dans l’Afrique centrale de 1853 à 1856 par le Dr Vogel, et Notices diverses sur les découvertes en Afrique, par V.-A. Maltebrun, Paris 1858.


Le courageux et savant jeune homme que l’Allemagne et l’Angleterre ont envoyé en Afrique sur les traces de Barth a-t-il péri ? conservons-nous quelque espérance de le voir, échappé à la mort, nous raconter lui-même les fatigues de son long voyage et les souffrances de sa captivité ? l’Angleterre fait en ce moment tous ses efforts pour éclaircir ce doute pénible et prolongé. Par malheur, il faut le reconnaître, la première supposition a plus de vraisemblance que la seconde. Quel que fût le sort du voyageur, il était utile que des mains pieuses prissent le soin de réunir et de coordonner les fragmens épars envoyés par Vogel en diverses circonstances à ses correspondans d’Europe, et disséminés dans divers recueils géographiques : c’est ce que M. V.-A. Maltebrun a fait en France. — Héritier d’un nom qu’il sait porter dignement, M. Maltebrun appartient à cette phalange de géographes en tête de laquelle marchent d’illustres savans, et qui a entrepris de faire revivre chez nous ce goût de découvertes et de voyages auquel non-seulement la curiosité publique, mais encore l’intérêt commercial d’une nation telle que la nôtre trouve un large profit.

Il faut bien l’avouer, la France, qui depuis d’Anville, pour ne pas remonter plus haut, tenait le premier rang dans la science géographique, s’est montrée inférieure à elle-même durant ces vingt ou trente dernières années. Ce n’était pas que les savans et les hommes de bonne volonté lui fissent défaut ; mais ceux-ci, au milieu de leurs études et de leurs recherches, demeuraient peut-être trop étrangers aux procédés pratiques de la cartographie ; peut-être aussi ceux qui font de la partie graphique une profession, et que nous appelons dessinateurs ou cartographes, manquaient-ils des ressources de la science. Le public de son côté ne témoignait-il pas trop d’indifférence pour ces travaux difficiles ? Toujours est-il certain que nos publications géographiques ne se sont pas maintenues dans ces derniers temps au rang où on avait été habitué à les voir. Nous pouvons d’autant mieux reconnaître ce fait alors que s’opère dans l’esprit public un mouvement favorable à ces sortes d’études, et que des hommes spéciaux s’y adonnent avec une ardeur désintéressée, qui mérite toute sorte d’encouragemens. Animée d’une noble émulation, la France vient même de lancer un voyageur au sein des régions qu’a explorées avec tant de profit l’expédition anglo-germaine : M. Mackarthy part avec le désir d’inscrire son nom à côté de celui de Barth ; puisse-t-il aussi bien faire et être plus heureux que les compagnons de ce voyageur !

Dans son résumé des explorations de Vogel, ouvrage qui a été précédé d’un grand nombre de publications relatives aux autres parties de l’Afrique,