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tion. La situation respective de nos colonies à cultures se révèle d’ailleurs très exactement par la comparaison de leurs envois de sucre en France pendant les années 1847 et 1856 :


1847 1856
Réunion 248,000 quint, métriq. 461,000 quint, métriq.
Guadeloupe 253,000 — 220,000 —
Martinique 260,000 — 250,000 —

Grâce aux ressources que lui offre le voisinage de l’Inde pour se procurer des travailleurs, la Réunion a pu maintenir et développer sa production. La Martinique s’est à peine relevée à son ancien chiffre; la Guadeloupe souffre encore, et très vivement, du manque de bras. Ce simple aperçu statistique suffit pour démontrer l’importance extrême qui s’attache à la question de l’immigration dans nos colonies.

Après avoir examiné la situation du commerce extérieur en signalant la place que les principaux pays occupent dans la statistique de nos échanges, nous avons à consulter les tableaux qui indiquent la valeur des marchandises importées et exportées. D’après les classifications adoptées par la douane, les importations au commerce spécial se sont établies ainsi qu’il suit pendant la période décennale et en 1856 :


Moyenne décennale Année 1856
Matières nécessaires à l’industrie 727 millions. 1,203 millions.
Objets de consommation naturels 298 — 703 —
— fabriqués 51 — 84 —

Les exportations aux mêmes époques se partagent entre les produits naturels et les objets manufacturés dans les proportions suivantes :


Produits naturels 392 millions. 605 millions.
Objets manufacturés[1] 832 — 1,288 —

En comparant ces deux tableaux qui résument l’ensemble du commerce extérieur, on découvre d’un seul coup d’œil le caractère de nos échanges. La France importe une grande quantité de matières premières et, dans certaines années, de fortes masses de céréales. Ses exportations consistent principalement en produits fabriqués. Cette situation paraît au premier abord avantageuse. Rendre à l’étranger sous la forme d’articles manufacturés ce qu’on a reçu de lui en produits bruts, c’est conquérir le bénéfice de la main-d’œuvre. La législation douanière, dans tous les pays, s’est proposé ce but, que la

  1. Ces classifications remontent à 1820; sauf de rares exceptions, elles peuvent être encore aujourd’hui considérées comme exactes. A l’importation, les matières nécessaires à l’industrie comprennent le coton, la laine, les soies, le lin, la houille, les huiles, le suif, les bois, les métaux bruts, etc. Les objets de consommation naturels sont les céréales et autres denrées alimentaires, le sucre, le café, le thé, les fruits, les graines oléagineuses, etc. Les objets fabriqués sont les tissus de soie, de fin et de chanvre, l’horlogerie, les chapeaux de paille, les machines et mécaniques, les armes. — A l’exportation, les vins et eaux-de-vie, les céréales, les bestiaux, les peaux, la garance, les fruits, le beurre, etc., sont comptés parmi les produits naturels.