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demeure favorisée quant aux prix de transport; ses produits prennent la voie d’Anvers, et, arrivés sur les marchés de vente, ils conservent ce premier avantage dans leur concurrence avec les produits français. Accordons-leur la même économie de transport sur nos chemins de fer; la situation, en ce qui concerne nos manufactures, ne sera nullement modifiée, et nous y gagnerons un transit plus animé, qui profitera non-seulement à nos voies ferrées, dont il accroîtra le trafic, mais encore à nos ports, à notre navigation, à l’ensemble de notre commerce extérieur. En un mot, on ne propose pas d’accorder à l’industrie allemande ou suisse, au moyen d’un tarif international, des avantages dont elle ne soit pas déjà en possession; on demande seulement que cette industrie soit sollicitée à emprunter, pour le transit de ses produits, le territoire français plutôt que les territoires belge, hollandais, allemand, et il suffira de lui offrir les mêmes conditions de prix, car elle obtient par la France la voie la plus rapide. Il serait d’ailleurs très facile de veiller à ce que les faveurs du tarif international fussent maintenues dans la mesure nécessaire pour atteindre cet unique but. Le gouvernement, qui s’est réservé par les cahiers des charges le droit d’homologuer toute nouvelle taxe, pourra se renseigner au préalable sur les tarifs de transport en vigueur à l’étranger, et n’autoriser de réduction que dans les cas où il lui sera démontré qu’il s’agit simplement de ramener le tarif du transit par la France au niveau de celui qui, adopté par le transit étranger, nous causerait quelque préjudice. Telle est la solution que réclament les intérêts de notre transit, si l’on veut que cette branche déjà si importante de nos opérations commerciales arrive à son plein développement.

Il faut rentrer dans la statistique. Un des tableaux de la publication officielle fait connaître, par ordre d’importance, les dix pays étrangers avec lesquels la France a entretenu, pendant la période décennale 1847-1856, le commerce le plus actif. Les chiffres que nous allons reproduire comprennent les importations et les exportations exprimées en valeurs actuelles ; ils ne s’appliquent qu’au commerce spécial. A côté de la moyenne décennale, nous avons placé le chiffre afférent à l’année 1856. La comparaison des deux chiffres permettra d’apprécier la vive impulsion qui, dans la dernière année de la période, a été imprimée aux échanges.


Moyenne décennale Année 1856
Angleterre 407 millions 709 millions.
États-Unis 330 — 546 —
Belgique 254 — 385 —
Espagne 110 — 203 —
Association allemande 110 — 200 —
États sardes 148 — 213 —
Suisse 88 — 145 —
Turquie 81 — 170 —
Russie 61 — 126 —
Brésil 42 — 75 —

Puis viennent les Deux-Siciles, l’Inde anglaise, les Pays-Bas, les Antilles