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Si l’on examine séparément les mouvemens de l’importation et de l’exportation, on trouve, au commerce spécial, une moyenne de 1,077 millions en valeurs importées et de 1,223 millions en valeurs exportées. Pour 1856, dernière année de la période, les importations se sont élevées à 1,990 millions, et les exportations à 1,893 millions de francs. Cet excès des importations sur les exportations ne s’est rencontré qu’en 1856 et en 1847, et pour cette dernière année il doit être surtout attribué aux achats de céréales étrangères. Pour les huit autres années, la France a expédié au dehors une valeur en marchandises supérieure à celle qu’elle a reçue. Ce résultat est contraire à celui qui avait été constaté pendant la période précédente de 1837 à i846. Il serait atténué si l’on tenait compte des envois considérables que nous avons faits à l’armée de Crimée pendant la guerre; peut-être aussi la différence parfois sensible des évaluations appliquées aux marchandises, suivant que celles-ci sont inscrites à l’importation ou à l’exportation, expliquerait-elle en partie l’excédant que nous signalons. Nonobstant ces réserves, qui sont nécessaires, car les meilleures statistiques demeurent toujours quelque peu sujettes à caution, l’excès plus ou moins grand de nos envois sur nos achats est un fait acquis à la période de 1847 à 1856, et il y a lieu de s’en féliciter. Cela prouve que la production nationale se développe et que l’industrie est en mesure de solder à l’étranger, sous la forme d’articles fabriqués, les matières premières qu’elle lui demande. Ce mode de paiement est préférable à la sortie du numéraire. Sans adhérer aux règles absolues de la théorie connue dans la science sous le nom de balance du commerce, sans contester la qualification de marchandise, et de marchandise essentiellement échangeable comme toute autre, que les économistes modernes ont attribuée à l’or et à l’argent, on peut dire qu’une exportation continue ou précipitée du numéraire est un fait fâcheux, sinon pour la liquidation définitive des opérations d’échange, du moins au moment où il se produit. C’est de là que viennent le plus souvent les crises monétaires, amenant à leur tour des crises financières : on l’a bien vu aux époques de grandes importations de céréales, qu’il a fallu payer immédiatement en espèces; il y a toujours eu à ces momens des embarras que révélaient les mesures prises par la Banque. En résumé, s’il est vrai que l’équilibre entre les importations et les exportations finit nécessairement par s’établir en vertu des lois qui régissent les échanges, il est très désirable pour un pays de n’être point assujetti soit à une émission constante qui opère comme un drainage à l’égard de ses réservoirs de métaux précieux, soit à une émission considérable et immédiate, ainsi qu’il arrive aux temps de disette. Dans les affaires commerciales, tout ce qui est excessif, désordonné, brusque, devient nuisible et doit être autant que possible conjuré. La situation de la France, quant à la part respective des importations et des exportations, peut donc être considérée comme satisfaisante pendant la période 1847-1856.

Le commerce général par mer représente 72 pour 100, et le commerce