Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 20.djvu/971

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

buer le droit de tenir garnison dans les places de Ferrare et de Comacchio, de même que, par un traité supplémentaire de 1817, elle se faisait donner le même droit de garnison à Plaisance, vis-à-vis des états de l’église, l’Autriche a donc eu un droit d’entrée qu’elle a étendu, comme elle l’a étendu à Plaisance, en élevant tout un système de fortifications nouvelles. Dans une de ses dernières dépêches, M. de Buol dit que l’Autriche est intervenue quelquefois en Italie sur la demande des pouvoirs légitimes. Les pouvoirs légitimes n’ont point toujours demandé spontanément cette intervention, qui ne s’accomplissait pas moins. A l’époque de la restauration, le gouvernement pontifical redoutait et subissait les Autrichiens dans les Légations plus qu’il ne les appelait, et quelques fragmens de la correspondance des légats qui ont été mis au jour témoignent de cette inquiétude perpétuelle. « Les habitans de Forli, disait le cardinal Spina, supportent en paix ce poids dans l’espoir qu’il sera de courte durée.» Il est certain que l’occupation de la Romagne s’accomplissait en 1821 à l’insu même de la cour du Vatican, et lorsque les Autrichiens se retiraient, ils déclaraient qu’ils étaient prêts à rentrer au premier signe de trouble. L’illustre cardinal Consalvi, alors secrétaire d’état, n’était nullement rassuré par cette promesse qu’il ne demandait pas, et il écrivait le 27 février 1822 au cardinal Sanseverino, légat de Forli : « Par mon office sur l’évacuation de Bologne, contenant des paroles qui ne sont que la traduction de la lettre du secrétaire d’état de Vienne, votre éminence voit la nécessité d’empêcher à tout prix un trouble quelconque dans cette légation, afin de ne point donner lieu à ce retour dont il est parlé. Je compte sur la vigilance de votre éminence, plus nécessaire que jamais après une telle déclaration... » Depuis, il est vrai, la crainte permanente des commotions révolutionnaires a fait évanouir quelques-uns de ces scrupules. La cour de Rome a moins redouté la protection impériale, elle l’a quelquefois appelée. En un mot, il s’est établi cette solidarité qui est un des plus tristes et des plus dangereux effets de la révolution en Italie. On ne sait pas toujours ce qui se passe à Bologne, où l’occupation dure depuis dix ans et où l’autorité militaire autrichienne, sous le voile de l’état de siège, s’est substituée à l’autorité du saint-père, diminuée dans ses prérogatives les plus essentielles. Je sais bien que l’Autriche peut expliquer ce déploiement de la force par l’état permanent d’insurrection morale où est la Romagne, par le brigandage qui sévit; mais enfin depuis dix ans n’y a-t-il eu en Romagne que des brigands exposés aux peines les plus dures, telles que la flagellation?

Il y avait à Ferrare il y a quelques années, en 1852, un jeune homme « d’une naissance distinguée, d’une bonne éducation et